Mort d’un jeune Egyptien en prison: Paris appelle Le Caire au respect de ses « obligations »
La France a fait part de sa « préoccupation » lundi après l’annonce du décès en prison d’un jeune Egyptien auteur d’un vidéoclip très critique du président Abdel Fattah al-Sissi et appelé Le Caire au respect de ses « obligations » internationales sur les conditions de détention.
« Les informations faisant état du décès de Chadi Habache en prison sont préoccupantes », a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Chadi Habache, qui avait réalisé le vidéoclip d’une chanson critiquant vertement le chef de l’Etat égyptien, est décédé samedi dans une prison du Caire à l’âge de 24 ans, selon son avocat.
« La France conduit avec les autorités égyptiennes un dialogue franc et exigeant dans le domaine des droits de l’Homme, qui fait partie intégrante de notre relation bilatérale », a souligné la porte-parole du Quai d’Orsay.
« Dans ce cadre, la France rappelle que les conditions de détention des prisonniers doivent être conformes aux obligations prévues par les conventions internationales pertinentes », a-t-elle ajouté.
Chadi Habache avait été placé en détention en mars 2018, accusé de « diffusion de fausses nouvelles » et « appartenance à une organisation illégale », selon le Parquet.
Il avait été arrêté après avoir réalisé le clip de la chanson « Balaha » interprétée par le chanteur de rock Rami Issam. Celui-ci y critique vertement M. « Balaha », nom dont le président Sissi est affublé par ses détracteurs en référence au personnage d’un film égyptien, célèbre pour être un menteur notoire.
Un temps censuré en Egypte, le clip a été visionné plus de 5 millions de fois sur YouTube.
Les conditions de détention en Egypte sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme.
Et depuis début mars, en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, les autorités ont suspendu les visites au parloir, isolant plus encore les détenus.
Plusieurs ONG estiment à 60.000 – sur un total de quelque 100.000 détenus – le nombre de prisonniers politiques en Egypte, opposants islamistes ou libéraux, cibles de la répression ayant suivi la destitution par l’armée en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, premier chef d’Etat civil démocratiquement élu à la présidence de l’Egypte.