Mohammed Moussaoui alerte sur le risque d’une « division préjudiciable à l’organisation du culte musulman »

Le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a déploré jeudi « la sortie unilatérale » de trois fédérations membres de cette instance représentative de l’islam en France qui refusent de signer en l’état la charte du Conseil National des Imams de France, voulue par le président Emmanuel Macron.

Dimanche 17 janvier, les huit fédérations (CCMTF, GMP, UMF, MF, RMF, Millî Görüs (CIMG), Foi et Pratique) ont pourtant formellement approuvé une « charte des principes » de l’islam de France, lors d’une réunion extraordinaire du CFCM.

Le 18 janvier, seuls cinq représentants de fédérations (GMP, UMF, RMF, MF et FAICAA) ont parafé le texte de la charte devant le président de la République, avec l’objectif de lancer une nouvelle étape dans l’organisation du culte Musulman. Trois fédérations, CCMTF, Millî Görüs (CIMG), Foi et Pratique, ont refusé d’opposer leur signature en dépit de leur validation du texte la veille.

Mercredi 20 janvier, les deux fédérations d’obédience turque, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) et Millî Görüs (CIMG) ainsi que la fédération Foi et Pratique, proche des prédicateurs rigoristes du Tabligh, publient un communiqué pour expliquer leur refus de signer un texte qui, selon elles, risque de « fragiliser » la confiance à l’égard des musulmans.

« Nous pensons que certains passages et formulations du texte soumis sont de nature à fragiliser les liens de confiance entre les musulmans de France et la Nation », écrivent ces trois fédérations membres du CFCM.

« En outre, certaines déclarations portent atteinte à l’honneur des musulmans, avec un caractère accusatoire et marginalisant », ajoutent-elles, sans donner aucune précision sur ces « déclarations ».

« Le communiqué des trois fédérations (CCMTF, CIMG, Foi et Pratique), du 20 janvier 2021, indique que certaines déclarations de la charte porteraient atteinte à l’honneur des musulmans. J’aurai aimé que ces déclarations soient précisées par écrit sous forme d’amendements et transmises au CFCM. Cela aurait été plus bénéfique à nous tous qu’un communiqué accusatoire et non constructif », a regretté le président du CFCM, Mohammed Moussaoui.

Ce refus « n’est pas de nature à rassurer nos coreligionnaires sur l’état des instances représentatives du culte musulman », a-t-il poursuivi

Et de prévenir: « Par ces actions répétitives, les fédérations composant le CFCM risquent d’être rendues toutes responsables de cette situation de division préjudiciable à l’organisation du culte musulman ».

Après plusieurs semaines de crise interne, les dirigeants du CFCM avaient annoncé un accord à l’arraché sur ce texte qui affirme la « compatibilité » de la foi musulmane avec « la laïcité », « l’égalité homme-femme » et rejette « l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques ».

Cette réaffirmation des principes républicains avait été réclamée par le président Emmanuel Macron dans le cadre de son offensive contre le séparatisme et l’islam radical, qui a depuis été formalisée dans un projet de loi examiné au Parlement.

M. Macron avait accentué sa pression sur les représentants musulmans après les attentats jihadistes contre l’enseignant Samuel Paty mi-octobre en région parisienne et dans la basilique de Nice (sud-est) deux semaines plus tard.

Selon une source proche du dossier, les principaux points de désaccord exprimés par les fédérations réticentes à signer portent sur deux problématiques qui les concernent particulièrement : la définition des « ingérences » étrangères et la définition précise de l’islam politique.

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