« Etant donné l’importance de la diaspora marocaine comme levier de développement socio-économique du pays, les autorités devraient mettre en place les mécanismes adéquats pour soutenir davantage les initiatives d’investissement de ladite diaspora », a dit M. Arbouch dans la rubrique « Questions à un expert » du PCNS.
Ceci pourrait se faire en identifiant les secteurs clés dans lesquels pourraient investir les Marocains du monde connus pour être porteurs d’idées d’investissement novatrices, notamment dans des secteurs autres que l’immobilier qui concentre déjà 70% du total de leurs investissements, a-t-il expliqué.
Pour M. Arbouch, la nouvelle génération des migrants marocains est « très désireuse » de se lancer dans des projets d’investissement innovants, à condition de bénéficier de l’assistance nécessaire pour identifier les projets prometteurs et établir les bons partenariats.
L’expert a, dans ce sens, souligné que les efforts menés par le Maroc dans la simplification et la digitalisation des procédures administratives, la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI) et le lancement de la charte d’investissement du Maroc, sont des initiatives louables qui doivent réellement incorporer la diaspora marocaine.
Il a ainsi insisté sur l’importance d’une communication « claire » et « fluide », en considérant les Marocains du monde comme une 13ème région marocaine fortement créatrice de richesse, pour permettre au Maroc de tirer pleinement profit de sa diaspora et permettre à cette dernière de contribuer significativement au développement de son pays d’origine.
M. Arbouch a aussi indiqué que parce qu’ils connaissent bien leur pays d’origine et grâce à leurs contacts, les Marocains du monde peuvent être d’importants facilitateurs du commerce avec le Maroc, tant du côté des importations que des exportations.
« En effet, pour certains produits, nos compatriotes résidant à l’étranger peuvent stimuler directement les exportations marocaines, car ils ont tendance à conserver leurs habitudes de consommation marocaines dans le pays d’accueil et peuvent favoriser également le commerce marocain grâce à l’effet de réseau, en jouant le rôle de facilitateurs de commerce entre les différentes parties, grâce aux informations qu’ils détiennent sur les deux pays partenaires », a-t-il poursuivi.
Généralement, une diaspora importante est significativement associée à une plus grande intensité du commerce bilatéral entre les pays d’origine et de destination, a noté l’expert, ajoutant que l’effet de la diaspora sur le commerce peut être beaucoup plus prononcé pour le commerce des produits hétérogènes ou différenciés, que pour les produits homogènes tels que les produits de base.
Les exportations du Maroc sont de plus en plus hétérogènes et la diaspora peut jouer un rôle déterminant de facilitation de commerce pour ce type de produits car elle est bien placée pour combler les asymétries d’information dans des secteurs spécifiques, a estimé M. Arbouch.
En temps normal, la diaspora marocaine soutient directement l’économie marocaine à travers trois principaux canaux, que sont leurs transferts réguliers de fonds, les recettes voyage dégagées de leurs séjours au Maroc en tant que touristes, ainsi que les investissements qu’ils y réalisent, a-t-il détaillé.
Si les recettes voyage des Marocains du monde ont fondu comme neige au soleil durant la crise du nouveau coronavirus (Covid-19), passant de 78,6 milliards de dirhams (MMDH) en 2019 à 36,4 MMDH en 2020, sous l’effet de la fermeture des frontières internationales et si les recettes de leurs investissements ont également connu un marasme en raison des restrictions de déplacements et du manque de visibilité dans le contexte de crise, leurs transferts de fonds ont quant à eux fait preuve d’une forte résilience.
Ces transferts ont réalisé une « surprenante » hausse de 5% en 2020 pour s’établir à 68 MMDH, contre 64,7 MMDH en 2019 à contre-courant de toutes les prévisions qui tablaient sur une baisse comprise entre 20% et 30%, faisant preuve d’un caractère fortement contra-cyclique dans un contexte économique mondial particulièrement délicat.
Cette évolution n’était pas du tout prévisible, mais au final, elle est tout à fait logique au regard du contexte particulier, en prenant en compte un certain nombre d’éléments contextuels d’ordres conjoncturel et structurel, a relevé M. Arbouch.
Concernant les raisons à caractère conjoncturel, l’annulation de l’opération Marhaba 2020 a fait en sorte que les 2 millions de Marocains du monde qui comptaient rentrer au Maroc pour les vacances d’été, ont dû y renoncer, et ont par conséquent transféré une partie de leur budget voyage à leurs proches.