Maroc/L’e-cigarette : la société civile tire la sonnette d’alarme sur la prévalence de ce fléau parmi les adolescents
Ainsi, les associations tirent la sonnette d’alarme alors que le vapotage chez les mineurs prend de l’ampleur notamment dans les environs des établissements scolaires, appelant à prendre les mesures nécessaires pour protéger les jeunes des dangers de ces produits promus comme une « alternative plus sûre » en comparaison avec la cigarette classique.
En dépit des efforts visant à sensibiliser les catégories les plus ciblées sur les dangers de l’e-cigarette et son impact qui n’est guère moins périlleux que la cigarette classique, toutefois la société civile reconnaît que ses campagnes ont besoin d’une forte implication de diverses parties concernées, notamment les autorités publiques, l’école et la famille, afin que leur impact soit tangible et que leurs objectifs soient pleinement concrétisés.
A cet égard, le Réseau marocain de l’Alliance civile de la jeunesse a appelé à prendre les mesures nécessaires pour protéger les jeunes des dangers des vapoteuses, par le biais de la sensibilisation au danger de son utilisation surtout auprès des mineurs, puisque la jeunesse demeure la véritable richesse que l’on doit y investir.
Le Réseau interpelle le rôle des secteurs gouvernementaux et des comités de suivi dans la lutte contre la propagation de ce fléau qui a un impact négatif sur la santé, d’autant plus que la cigarette électronique, qui se vend sous de multiples saveurs, s’échange entre les jeunes et émet une fumée dense aux effets néfastes sur les fumeurs mais aussi sur leur entourage dans les espaces publics, les établissements d’enseignement ou encore les cafés.
Dans ce sens, le Réseau a appelé les autorités concernées à interagir de manière positive et urgente avec ce constat porteur d’un grand danger sanitaire, et renforcer le contrôle de la vente de ces cigarettes, devenues un phénomène véhiculé même au niveau de certains médias publics dans le cadre de séries et films qui sciemment ou insciemment contribuent à la promotion à grande échelle d’un produit nocif.
De son côté, l’Association marocaine de lutte contre le tabagisme et la drogue (AMLCTD) a considéré que sur la base de ses actions dans le cadre des campagnes de prévention et de sensibilisation, notamment dans les milieux scolaires, le recours à la cigarette électronique chez les élèves tous cycles confondus, a commencé dernièrement à prendre un rythme ascendant. Un constat appuyé, a-t-elle dit, par la hausse des cas reçus par la section sociale du Centre d’addictologie de Meknès, géré par l’AMLCTD qui tient à fournir les services nécessaires à la population en termes d’orientation, de conseil, d’écoute et d’accompagnement, notamment au profit des familles dont les enfants souffrent de problèmes d’addiction.
Et d’ajouter que les statistiques dont elle disposait font état d’une augmentation constante des cas d’usage et d’addiction à la cigarette électronique par les enfants. L’association reçoit de nombreux appels sur des cas d’enfants à un âge précoce qui consomment ce type de cigarettes, ce qui est extrêmement dangereux, en particulier pour les enfants dont la croissance physique, mentale et émotionnelle est gravement affectée par la consommation de ces substances hautement toxiques.
Ceci dit, les facteurs de propagation de ce phénomène sont aussi complexes qu’enchevêtrés, mais le plus inquiétant demeure la politique de marketing sur laquelle le lobby du tabac n’a eu de cesse de travailler, en élargissant la base de ses clients ciblés en termes d’âge et de sexe avec en ligne de mire les jeunes, les enfants et la gent féminine. Selon l’AMLCTD, le lobby du tabac tend à augmenter l’attractivité de ces vapoteuses en termes de forme, de taille et de senteur mais aussi il œuvre à détourner les contraintes sociales liées aux désagréments subis notamment par les femmes et les enfants lors de la fréquentation régulière des points de vente de tabac et le risque d’être découverts par les leurs.
Geler la mise en œuvre la loi n° 15.91 pendant plus de 30 ans contribue, déplore l’AMLCTD, à ancrer cette stratégie de marketing destructrice, dont les résultats pourraient être désastreux dans un avenir prévisible à moins que des mesures urgentes et nécessaires ne soient prises pour endiguer ce phénomène.
Face à ce fléau social et sanitaire, une grande responsabilité, conclut l’AMLCTD, incombe aux parents et à la société civile qui sont plus que jamais appelés à une plus grande implication dans les efforts de sensibilisation sur la gravité du phénomène et à davantage de fermeté dans la lutte anti-tabac.