2022 est déjà l’une des années les plus chaudes de l’histoire de l’Italie. Des journées torrides et des nuits suffocantes, la vague de chaleur est arrivée cette année de manière « inhabituellement précoce, sous l’effet de l’anticyclone africain des Açores ». Le mois de juillet, touchant à sa fin, a laissé derrière lui une série d’événements météorologiques extrêmes.
En vingt-quatre jours, la capitale italienne a été touchée par quatre incendies majeurs. Des langues de feu ont léché les immeubles, et des hectares de terrain et de végétation publique, souvent abandonnés à eux-mêmes, ont été dévorés par les flammes, alors que des nuages toxiques ont traversé le ciel de la ville éternelle.
A environ 700 km de Rome, les habitants de la région du Frioul-Vénétie Julienne, au nord-est de la Botte, ont été invités à se confiner en raison de l’épaisse fumée dégagée par un incendie, qui s’est déclaré mardi dans la région de Carso. A l’autre bout du pays, en Campanie, les pompiers luttent toujours pour venir à bout des brasiers à San Felice, à Siano et à Arpaia.
Comme ailleurs en Europe, des feux de forêt se sont déclarés dans plusieurs régions d’Italie depuis le début de la semaine, alors que les températures continuent de grimper et devraient atteindre 40°C dans une grande partie du nord et du centre du pays, ainsi que dans les Pouilles, dans le sud, en Sardaigne et en Sicile, selon les prévisions météorologiques.
Autre conséquence grave de la hausse des températures sous l’effet du changement climatique : la fonte des glaces. Située à 170 kilomètres au nord de Venise, le glacier de la Marmolada, ‘’reine des Dolomites’’, a atteint le jour de son effondrement un record de température, avec environ 10 degrés à son sommet. Cet effrayant effondrement de la Marmolada a provoqué un choc dans le pays, d’autant qu’il intervient au moment où le nord du pays subit sa pire sécheresse depuis soixante-dix ans.
Premier témoin et victime du drame climatique : le Pô, qui alimente en eau tout le nord de l’Italie. C’est la première fois qu’ils refont surface depuis leur bombardement en 1944 : Deux vaisseaux, qui jusqu’ici se faisaient oublier sous cinq mètres d’eau au fond de ce grand fleuve qui, par endroits n’est plus qu’un filet d’eau. Une animation réalisée avec les images satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA) compare l’état du fleuve en 2020, 2021 et 2022. Le constat est “alarmant”.
Le débit du Pô a tellement diminué — jusqu’à 80 % — que l’eau salée venant de la mer Adriatique est parvenue à remonter sur près de 30 km vers l’intérieur des terres, alors que la plupart des centrales hydroélectriques tournent, au ralenti, voire ont été mises à l’arrêt comme celle de l’île Serafini, à côté de Milan. Une situation à risque pour l’approvisionnement en eau potable, pour l’agriculture et pour la sécurité énergétique, déjà menacée par l’impact du conflit en Ukraine.
Face à cette situation, le gouvernement italien a débloqué un fonds de 36,5 millions d’euros et décrété l’état d’urgence, jusqu’au 31 décembre, dans cinq régions du Nord, dont Emilie-Romagne, Frioul-Vénétie Julienne, Lombardie, Vénétie et Piémont, tandis que d’autres réclament leur tour. La mesure devrait permettre d’accorder « des moyens et des pouvoirs extraordinaires » pour assurer la mise en œuvre des interventions nécessaires pour répondre à l’urgence climatique.
Des mesures de rationnement d’eau ont également déjà été annoncées dans plus de 200 villes. Des camions citernes ont été mis en place dans la plaine du fleuve du Pô, alors que les fontaines ont été vidées et fermées à Milan. Le réchauffement climatique impose désormais ses règles.
Une situation partagée à des degrés différents, particulièrement avec les pays européens, en proie à une vague de chaleur particulièrement intense. Les avertissements lancés depuis des années par les scientifiques, se concrétisent. Les effets du réchauffement climatique sont d’ores et déjà tangibles. La menace devient de plus en plus une réalité, qui hante les pays du monde, notamment l’Italie, piégée par ailleurs par la chute du gouvernement et une lourde dette publique.