Les moustiques vecteurs du paludisme développement une résistance aux insecticides en zone urbaines

Les moustiques vecteurs du paludisme développement une résistance aux insecticides en zone urbaines
Les acteurs de la lutte contre le paludisme, première cause de mortalité dans les pays de l’Afrique subsaharienne, ont exprimé, courant cette semaine à Dakar, leur inquiétude quant à la nouvelle tendance des moustiques vecteurs de la maladie à développer une résistance aux insecticides dans les zones urbaines.

A un moment où l’on a commencé à enregistrer des avancées notables dans la lutte contre cette maladie avec une baisse sensible des cas enregistrés chaque année, des experts dans le domaine de la santé ont relevé à Dakar que le moustique qui transmet le parasite responsable de la maladie commence à développer une réelle résistance aux insecticides dans les grandes villes ce qui menace de compromettre les résultats accomplis jusqu’à présent.

Lors d’un atelier sur la résistance des vecteurs du paludisme, les différents intervenants dans la lutte contre la maladie ont présenté cette constatation sur la base d’études réalisées dans la capitale sénégalaise Dakar et la ville de Kaolack.

Pour le coordonnateur du Programme de la lutte contre le paludisme (PNLP), Papa Moussa Thior, ce problème rappelle la résistance développée par le parasite dans les années 80 envers des médicaments à base de "chloroquine".

Selon lui, il n’est pas question d’attendre que cette résistance devienne une vraie équation pour réagir, comme cela a été le cas avec la chloroquine. En effet, rappelle-t-il, cette molécule n’avait plus aucun effet dans l’organisme et les experts en avaient la claire conscience, depuis les années 1980. Mais, c’est seulement en 2000, qu’ils se sont résolus à modifier la molécule et cela a eu comme impact une explosion du taux de décès dus au paludisme durant les années 1990.

Le PNLP a réalisé en 2008 et 2009 des tests de sensibilité sur la résistance des moustiques aux insecticides. Selon les résultats présentés lors de cet atelier, ces tests ont montré que les moustiques des zones urbaines comme Dakar et Kaolack résistent plus aux insecticides utilisés pour leur élimination.

Par contre, le problème ne se pose pas dans les zones rurales où les insecticides utilisés continuent à neutraliser les moustiques, malgré une légère baisse de sensibilité constatée, indiquent les résultats de l’étude.

Ce qui inquiète les experts c’est que cette résistance met en cause l’efficacité des moustiquaires imprégnées, un outil de lutte engagée en première ligne de la lutte contre le paludisme. En effet, des millions de moustiquaires sont distribuées chaque année gratuitement aux populations pour se protéger des piqures nocturnes des moustiques qui transmettent le parasite.

Selon le Dr Abdoulayé Diop, membre du PNLP, cette résistance serait due à une utilisation anarchique des insecticides, utilisés massivement dans la santé et l’agriculture sans aucune maîtrise des normes.

En effet, le moustique exposé régulièrement à de faibles doses d’insecticides, finit par développer une résistance à ce dernier.

Selon les statistiques, chaque année, au moins 300 millions de cas aigus de paludisme sont enregistrés dans le monde. 20 pc des cas de paludisme se présentent sous des formes graves, pouvant entraîner la mort. Une grande partie des infections sont enregistrées dans les régions tropicales africaines.

Le paludisme demeure la première cause de décès au Sénégal. Pour l’année 2009, les services de santé ont répertorié 174.339 cas de paludisme, ce qui constitue un important repli par rapport à des chiffres avoisinant le million quelques années auparavant. Or, de telles statistiques demeurent relatives et peu fiables compte tenu du taux élevé d’automédication dans ce pays.

Outre la résistance aux insecticides, le moustique responsable de la transmission du paludisme vient d’augmenter sa capacité de nuisance en devenant le vecteur d’une autre maladie aussi grave et mortelle dans ses formes aigues.

En novembre dernier, plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal, ont annoncé une épidémie de la "dengue" avec des milliers de cas signalés dans différentes régions. Il s’agit de la première apparition en Afrique de cette maladie tropicale, connue plutô t dans certaines régions de l’Asie du sud-est.

La dengue, anciennement appelée grippe tropicale, est une infection virale véhiculée par les piqures du même moustique. Certaines formes de la maladie qui développent une fièvre hémorragiques, sont potentiellement mortelles.

Contrairement au paludisme, il n’existe, jusqu’à présent, ni traitement préventif ni traitement curatif de la dengue. La prise en charge médicale de cette infection virale se limite à des traitements symptomatiques, notamment l’hydratation par voie veineuse et des interventions classiques pour atténuer les effets de la fièvre.

Le paludisme, appelé aussi malaria, est une maladie infectieuse due à un parasite dit "Plasmodium", transmis à l’homme par la piqure des moustiques femelles. La forme la plus grave du paludisme est causée par le type de parasite "Plasmodium falciparum" qui est responsable d’une grande majorité des décès.

Malgré les efforts de lutte contre la maladie, le paludisme a toujours fait preuve d’une extrême résistance. D’ici à la fin de la décennie, la moitié de la population mondiale, soit 3,5 milliards de personnes, vivrait dans des zones impaludées, sous l’effet conjugué d’une résistance croissante aux médicaments et d’une forte croissance démographique dans les régions tropicales.

Selon différents rapports sur la maladie, le paludisme fait perdre chaque année 12 milliards de dollars de Produit intérieur brut (PIB) à l’Afrique et occasionne un déficit de croissance annuel pouvant atteindre 1,3 pc dans certains pays d’Afrique Subsaharienne.

Source MAP

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