Les aéroports pourraient rester bloqués au-delà de lundi
Le blocage du transport aérien lié à la présence d’un nuage de cendres volcaniques va s’étendre dimanche en France avec la fermeture d’aéroports supplémentaires dans le sud-ouest du pays, jusque là épargné par cette mesure de sécurité
Quand allons-nous revenir à la normale?
Quand le volcan cessera d’émettre, ou quand les émissions de particules seront moins denses, ou quand les vents ne rabattront plus ces particules sur nous. Cela ne s’arrêtera pas avant lundi matin, on le sait déjà. Cela peut s’arrêter lundi matin. Cela peut aussi durer plus longtemps. Tout notre travail, à nous, responsables, est d’organiser le pays et, au-delà, l’Europe, en attendant le retour à la normale. Aider les compagnies aériennes à acheminer nos compatriotes bloqués à l’étranger, par exemple, concentrer les moyens sur les aéroports disponibles : c’est ce que nous faisons, rendre la vie possible dans des conditions anormales.
Pourquoi autant d’incertitude?
Parce que personne ne sait comment éteindre un volcan! Nous rencontrons exactement les limites de la toute-puissance de l’homme. Notre technologie ne va pas au-delà de la nature. Je le sais depuis mon arrivée dans ce ministère. Aujourd’hui, je le constate à nouveau.
Donc on subit passivement les caprices du vent et du volcan?
Nous sommes à l’opposé de la passivité! Tous les pays européens, gouvernements et aviations civiles, se concertent en permanence; en France, nous lançons, autour de mon ministère, une cellule de crise pour mobiliser tous nos moyens. J’ai reçu, hier (samedi), les transporteurs, les compagnies aériennes, la SNCF, pour mobiliser tous les moyens disponibles… A Bercy, on considère les moyens des indemnisations futures d’abord sur les premiers secteurs touchés, transports et tourisme.
"Des dérogations pour que les cars puissent circuler le week-end"
Les passagers seront-ils remboursés?
Les compagnies aériennes européennes échangeront ou rembourseront les billets. C’est un engagement qu’elles ont renouvelé devant moi. Les tour-opérateurs proposeront des séjours équivalents dans un délai de six mois aux personnes dont les vacances ont été empêchées. C’est également confirmé.
Comment ramener les Français bloqués à l’étranger?
Nous mobilisons les moyens pour aider les compagnies aériennes et les voyagistes. Nous recensons les cas. Via les tour-opérateurs, c’est allé vite: cela représente 50.000 personnes; ensuite, les passagers individuels – touristes, hommes d’affaires – sont en train d’être recensés; enfin, nous mobilisons les infrastructures. En France, seuls les aéroports du Sud-Ouest, hors de la zone à risque, sont encore disponibles: Toulouse, Pau, Tarbes, Biarritz… Ils fonctionnent, pour l’instant, à leur capacité habituelle. Il faut aller plus loin. Que les avions puissent venir de Pointe-à-Pitre ou de Hongkong pour se poser à Tarbes ou à Toulouse. Ensuite, amener des trains, des cars, dans ces aéroports, pour raccompagner les gens chez eux…
La grève des cheminots est un obstacle?
Il serait bien que cette grève s’arrête, comme une contribution des cheminots encore grévistes à l’effort de tous. Ce serait appréciable et apprécié. Tout le monde s’adapte. Nous mettons en place des dérogations pour que les cars puissent circuler le week-end. On ne va pas forcer les gens à dormir dans des aéroports! "Nous mobilisons tout ce que nous avons"
Il y aura assez d’avions pour évacuer tout le monde?
C’est le vrai problème. La majorité des avions européens sont cloués au sol. Nous mobilisons tout ce que nous avons. Il faudrait 150 à 200 rotations pour rapatrier les clients des tour-opérateurs. On recense les avions hors d’Europe. Nous essayons aussi de trouver des moyens d’acheminer des avions bloqués, par exemple, à Roissy, dans les aéroports disponibles. Nous étudions les évolutions des particules, les mouvements des vents, pour voir si un couloir aérien pourrait se débloquer, le temps de bouger les avions…
On peut donc jouer avec le principe de précaution?
Non. Mais nous essayons de l’affiner. Nous sommes informés, de manière aussi précise que possible, de l’évolution de l’émission des particules et de leur parcours, par un observatoire situé en Grande-Bretagne. C’est à partir de ses relevés que nous agissons. Outre la recherche de couloirs disponibles, nous étudions les conditions dans lesquelles des avions pourraient reprendre l’air, malgré les particules, en fonction de leur densité.
Il y aura des vols expérimentaux?
Il y a des études, pour le moment, qui sont poussées partout en Europe; pour déterminer dans quelles conditions, sans risque, on pourra tenter des expériences. Ce sera une décision politique, européenne et internationale, de faire voler des avions pilotés par des volontaires. Cela ne se fera pas avant lundi ou mardi. Mais il me paraît indispensable d’organiser, dès lundi, même par téléconférence, une réunion des ministres européens des Transports.