Le Maroc traverse une phase de stress hydrique aigu (expert)
Selon les données actuelles, « le Maroc a entamé une phase de stress hydrique extrême avec une moyenne annuelle de 500 mètres cubes pour chaque personne, soit le niveau le plus bas de l’indice de stress hydrique », a expliqué l’expert dans une interview accordée à la MAP, notant que les études prévoient une baisse de 80% des ressources en eau d’ici 25 ans.
Il a qualifié de « grave et inédite » la crise en eau que connait le Maroc, qui se manifeste par un recul exceptionnel du taux de remplissage des barrages, attribuant cette régression aux facteurs climatiques, dans la mesure où le Royaume, à l’instar des autres pays du globe, connait une rareté des précipitations due au changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre et de longues périodes de sècheresse de plus en plus rudes qui touchent toutes les régions du pays. D’autres facteurs humains sont à l’origine de cette situation, dont la mauvaise gestion des ressources hydriques et l’absence d’une gouvernance optimale et efficace permettant de garantir un approvisionnement durable en eau, a-t-il poursuivi. Pour ce qui est de l’état du niveau des eaux souterraines, M. Bazza l’a qualifié de « catastrophique » du fait que ces ressources soient menacées d’épuisement total, notant que les conséquences de leur surexploitation sont désormais manifestes : assèchement de nombreuses sources d’eau, arrêt de l’écoulement des rivières, repli de la superficie des terres irriguées, assèchement des nappes phréatiques alors que la durabilité d’autres est menacée …
Pour remédier à cette situation, l’expert a souligné la nécessité d’une volonté politique pour assurer la durabilité de ces ressources, rétablir l’équilibre entre les ressources hydriques disponibles et leur exploitation et garantir une gestion optimale et durable des eaux souterraines. Il a insisté, dans ce sens, sur l’impératif de rationaliser l’usage de cette ressource vitale en attendant le retour des précipitations, tout en accordant la priorité à la préservation de l’eau potable contre toute surexploitation ou gaspillage.
De l’avis de l’expert, si la question de la raréfaction des ressources en eau devient structurelle, la réponse en termes de gestion doit être de même. A ce sujet, il a mis en avant une série de recommandations et de mesures prônées par une équipe de lauréats de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, spécialistes en la matière.
Parmi elles figurent, entre autres, la promotion des recherches scientifiques traitant de l’impact du changement climatique sur les ressources en eau, la sensibilisation des décideurs et des citoyens à la rareté de cette ressource vitale, l’obligation de garantir un équilibre entre l’offre et la demande en eau, la multiplication des projets de construction des barrages et la lutte contre la pollution de l’eau.
Il s’agit aussi, a-t-il ajouté, d’effectuer une évaluation approfondie pour la modernisation du Plan national d’aménagement des bassins versants en concertation avec les parties prenantes, en plus de la réalisation de nouveaux projets de dessalement de l’eau de mer et l’encouragement à la réutilisation des eaux usées.
Et l’expert de plaider, en conclusion, pour une meilleure gouvernance des ressources hydriques en mettant à profit l’arsenal juridique et réglementaire en la matière via l’accélération de la promulgation du reste des textes d’application de la loi 15-36 fixant les règles d’une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources en eau pour garantir le droit des citoyens à l’accès à l’eau et en vue d’une utilisation rationnelle et durable et une meilleure valorisation quantitative et qualitative de l’eau, des milieux aquatiques et du domaine public hydraulique en général, ainsi que les règles de prévention des risques liés à l’eau.