La dengue place le sud de la France en alerte sanitaire

Annoncée lundi 13 septembre, la découverte, à Nice (Alpes-Maritimes), du premier cas « autochtone » (non importé) de dengue a entraîné un renforcement du dispositif de vigilance dans la région. L’enquête en cours vise à déceler d’éventuelles autres personnes infectées. L’homme, à qui le virus a été transmis par un moustique sur le territoire métropolitain, est « guéri et en bonne santé », précise le ministère français de la santé.

La dengue place le sud de la France en alerte sanitaire
Depuis 2006 et l’épidémie de chikungunya à La Réunion, le dispositif de surveillance de la dissémination de la dengue et du chikungunya en métropole est monté en puissance. "Nous enregistrons chaque année quelques centaines de cas de dengue chez des personnes ayant contracté l’infection hors métropole", explique le docteur Dominique Dejour-Salamanca, responsable du programme de surveillance de la dengue à l’Institut de veille sanitaire (InVS).

Depuis le 1er mai 2010, l’InVS a recensé 253 cas suspects de dengue, dont 108 ont été confirmés en laboratoire. A l’exception du patient niçois, il s’agit de cas importés. Des chiffres élevés qui s’expliquent par l’intensité et la précocité de l’épidémie aux Antilles, actuellement en déclin.

Le cas autochtone est lié à la présence, dans plusieurs départements du sud-est de la France, du moustique vecteur de la maladie. Transmetteur du chikungunya et responsable de l’épidémie qui a frappé l’océan Indien en 2005-2006, le moustique tigre, ou Ædes albopictus, peut également être celui de la dengue. Le développement du commerce mondial des pneus d’occasion, qui lui offrent un gîte lorsque de l’eau de pluie y stagne, a favorisé sa prolifération. L’insecte est largement présent en Italie, où il a été la cause, en 2007, d’une épidémie de chikungunya, mais aussi en Espagne.

Il s’est progressivement implanté en France à partir de 2005. Les Alpes-Maritimes, la Corse, le Var, les Bouches-du-Rhône et une partie des Alpes-de-Haute-Provence ont successivement été touchés. "Le moustique tigre va étendre sa présence en métropole. C’est inéluctable", prévient le docteur Dejour-Salamanca.

Un "plan anti-dissémination du chikungunya et de la dengue" a été rendu public en mars 2006 par le ministère de la santé. Il a instauré la déclaration obligatoire des deux maladies "pour l’ensemble du territoire en dehors des zones d’épidémie de La Réunion et de Mayotte". Le dispositif prévoit que les professionnels de santé (médecins et biologistes) notifient aux autorités les cas suspects dans les sept jours suivant l’apparition des signes cliniques. Les personnes porteuses du virus dans leur sang sont en effet susceptibles d’être piquées par le moustique tigre qui à son tour en infecterait d’autres.

Lorsqu’un malade ayant séjourné dans une zone où le moustique sévit, présente les signes cliniques faisant suspecter une dengue (forte fièvre, maux de tête, courbatures, fatigue), un prélèvement sanguin est effectué et adressé en urgence à l’Institut Pasteur, où se trouve le centre national de référence pour la dengue, afin d’établir un diagnostic. Il faut compter une semaine entre l’expédition du prélèvement et les résultats des analyses.

Une enquête est menée en parallèle et les services de lutte antivectorielle sont alertés afin de mener des actions préventives de démoustication : destruction des gîtes larvaires et pulvérisations d’un produit agréé au niveau européen, pour éliminer les moustiques adultes.

La présence d’un cas de transmission autochtone entraîne le passage au niveau 2 du dispositif d’alerte. "Une recherche active d’autres cas est menée autour du domicile du patient, accompagnée par une démarche de sensibilisation des professionnels de santé", indique Dominique Dejour-Salamanca.

Sitôt informé du cas de transmission autochtone à Nice, François-Xavier Lorre, directeur de l’agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur, a alerté les 70 médecins généralistes, ainsi que les pédiatres, de la zone concernée. "Nous avons ensuite élargi les investigations au Grand Nice pour détecter des cas non encore découverts. En parallèle à cette recherche épidémiologique, les équipes de l’entente interdépartementale de la démoustication, financée par la direction générale de la santé, font du porte-à-porte pour repérer et détruire les gîtes larvaires", précise M. Lorre.

La DGS a alerté les professionnels de santé au niveau national. "Nous ne sommes pas dans une crise sanitaire, mais dans une étape supplémentaire d’un processus de dissémination en marche depuis 2004 et le passage du moustique albopictus d’Italie en France", affirme François-Xavier Lorre.

Paul Benkimoun

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