Ce travail scientifique aura le mérite de permettre de mieux juger plus tard l’impact de la catastrophe, estiment ces spécialistes qui ont participé au vaste projet de Recensement de la vie marine (Census of Marine Life), un projet international dont les premières conclusions sont publiées lundi.
La région du golfe du Mexique s’avère être une des plus riches en terme de biodiversité avec plus de 15.000 espèces marines mais aussi une des plus menacées.
Avant même l’explosion de la plateforme pétrolière le 20 avril, et comme d’autres mers fermées ou presque, telles la mer Baltique, la Méditerranée ou la mer des Caraïbes, le golfe du Mexique est une des régions les plus menacées dans la richesse de sa faune, estiment les experts du projet Census of Marine Life. La surpêche, la destruction de l’habitat, le changement climatique et la pollution sont pointés du doigt.
"Nous avions une excellente équipe de scientifiques du Mexique, des Etats-Unis et de Cuba qui ont travaillé sur le golfe du Mexique et nous avons réalisé la première nomenclature des espèces qui fera foi pour la région", a affirmé dans un entretien à l’AFP, un des fondateurs de ce projet scientifique long de 10 ans, Jesse Ausubel.
"Nous avons même décrit exactement la zone où se trouve actuellement la marée noire. On a fait une liste de 8.332 espèces observées à cet endroit", affirme ce scientifique.
"La marée noire nous a rendus très tristes mais nous sommes contents d’avoir pu faire une bonne description des espèces vivantes avant la catastrophe", a-t-il encore noté.
Avec les millions de litres de brut qui se sont déversés dans le golfe, cet expert craint particulièrement pour certaines espèces qui nidifient dans la zone de l’exploitation pétrolière: "le golfe du Mexique est le berceau de la nidification du thon rouge en mars-avril. Une des craintes est que les oeufs de ces poissons ne soient englués de pétrole et ne trouvent plus assez d’oxygène pour se développer", ajoute M. Ausubel.
"C’est une histoire tragique", se lamente Patricia Miloslavich, une autre scientifique du Census of Marine Life qui a étudié la région.
"Avant la marée noire nous étions si heureux d’avoir terminé de répertorier sa biodiversité avec une centaine de taxinomistes, nous étions fiers. Et puis il y a eu le choc de la marée noire", ajoute cette professeur de l’université Simon-Bolivar au Venezuela.
"La seule chose positive, c’est que désormais on a des données de référence, on pourra évaluer les dommages et les changements dus à la marée noire", note-t-elle.
Le golfe du Mexique qui s’étend sur 1,5 million de km2 du delta du Mississippi à la péninsule du Yucatan au Mexique et est à l’origine de la formation d’un des plus puissants courants des océans, le Gulf Stream, compte 15.419 espèces marines dont 11.150 animaux.
Dans ces eaux qui peuvent aller jusqu’à 3.800 m de profondeur, les espèces de crustacés sont les plus nombreuses (2.579), suivies par les mollusques (2.455) et les poissons (1.541).
Source AFP