Habituée du Festival, El Moudir revient également sur ses débuts et sur l’évolution du secteur cinématographique au Maroc ces dernières années.
1 – Quel regard portez-vous sur le secteur cinématographique au Maroc ?
Nous avons vu naître une nouvelle génération puissante de réalisatrices et de réalisateurs, avec plusieurs films d’exception, récompensés dans les festivals internationaux les plus prestigieux.
Grâce notamment à une institution comme le Centre Cinématographique Marocain (CCM), œuvrant pour la promotion, la distribution et la projection de films cinématographiques marocains, cette nouvelle génération de jeunes cinéastes, optimistes quant à leur avenir, partagent leur passion et proposent de nouvelles idées de films, en s’adressant en particulier aux jeunes générations avides de connaissance.
2 – Qu’en est-il du FIDADOC ?
Le FIDADOC c’est mon chez-moi et je suis toujours fière et réjouie d’y retourner. Au tout début de ma carrière, je faisais partie de la « Ruche documentaire » du FIDADOC, en 2012 et 2013. L’équipe de travail et d’organisation de cette manifestation était la première à contribuer au développement de mon projet quand il n’était encore qu’un rêve et personne ne s’y intéressait.
Depuis 15 ans déjà, le FIDADOC contribue activement au succès de tout jeune cinéaste, réalisateur et vidéaste ayant ce sens artistique, à même de construire un véritable patrimoine audiovisuel, et à en montrer une image authentique.
3 – Parlez-nous du succès de votre premier long métrage « La mère de tous les mensonges »
« La mère de tous les mensonges » est un film documentaire en langue arabe sorti en 2023, réalisé, écrit, produit et monté par moi-même. Il raconte l’histoire d’un tissu de mensonges familiaux et une jeune femme à la recherche de la vérité.
J’y cherche à démêler les mensonges qui se transmettent dans ma famille et grâce à une maquette du quartier de mon enfance et à des figurines de chacun de mes proches, je rejoue ma propre histoire…
Je n’essaie pas de documenter la véritable histoire de ma famille, mais de faire un film sur la multiplicité des points de vue et la pluralité des interprétations qui existent au sein d’un même foyer, non seulement dans l’intérêt de l’histoire familiale, mais aussi dans celui de l’histoire nationale.
Le film a été présenté en première mondiale au Festival de Cannes 2023, où j’ai remporté le Prix « Un certain regard » de la meilleure réalisatrice. Il a été proposé en tant que film marocain pour le meilleur long métrage international à la 96è cérémonie des Oscars, et il est l’un des 15 films sélectionnés dans la liste de décembre.