"Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne le tolèrerons pas", a réagi dès samedi le président Emmanuel Macron.
C’était "un déferlement de haine à l’état pur", a décrit le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner", son secrétaire d’État Laurent Nuñez parlant dimanche d’"images terriblement choquantes".
"Grosse merde sioniste", "nous sommes le peuple", "la France elle est à nous": les images diffusées ce week-end sur internet et en boucle sur les chaines d’information montrent des manifestants insultant l’académicien croisé près de son domicile à Paris. "J’ai ressenti une haine absolue", a raconté le philosophe au Journal du dimanche. Dans un entretien télévisé, il a cependant affirmé ne pas avoir entendu "sale juif" parmi les insultes qui lui ont été lancées.
Le parquet de Paris a ouvert dimanche une enquête pour "injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion".
Cette agression verbale a été condamnée par l’ensemble de la classe politique.
A droite, Laurent Wauquiez (LR) a dénoncé "d’abjects crétins", la chef d’extrême droite Marine Le Pen "un acte détestable et choquant" commis, selon elle, par "des militants d’extrême gauche". Et Nicolas Dupont-Aignant (DlF) la "haine" d’un "islamo-gauchisme qu’on a laissé s’installer", sur France 3.
A gauche, pour l’ancien président François Hollande, "la multiplication des actes antisémites signe une période de régression, indigne de notre pays".
"On peut détester les idées de Finkielkraut" mais rien ne peut justifier qu’on s’attaque à lui en tant que juif", a déclaré Ian Brossat (PCF). "Je combats les idées réactionnaires et radicales d’Alain Finkielkraut. Mais je condamne aussi sans réserve ceux qui l’ont conspué", a abondé Benoit Hamon.
"Un sursaut national"
"Conscient de l’instrumentalisation de l’antisémitisme, je crois aussi qu’il ne faut jamais laisser passer le racisme", a approuvé dimanche Jean-Luc Mélenchon (LFI), .
L’Union juive française pour la paix a elle aussi estimé que le gouvernement avait "choisi d’instrumentaliser ces actes contre les +gilets jaunes+", exigeant des "réponses sociales et démocratiques" au mouvement.
Pour Jacline Mouraud, figure historique du Mouvement en rupture de ban, il s’agit d’une "agression inacceptable". Pour elle, le mouvement est "dénaturé de ses fondamentaux initiaux et perverti par les extrêmes".
"On fait souvent d’un cas isolé une généralité. Mais, c’est un cas isolé", a relativisé auprès de l’AFP une autre figure du mouvement Ingrid Levavasseur, présente dimanche aux Champs-Élysées, avant d’être exfiltrée face à l’hostilité d’autres "gilets jaunes".
Pour le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux, "il ne faut pas faire d’amalgame" entre ceux qui manifestent sincèrement et des insultes antisémites.
Face à l’augmentation de 74 % des actes antisémites en 2018, avec encore récemment de nouvelles dégradations dont la découverte d’une croix gammée barrant le visage de Simone Veil, 14 partis politiques, dont le Parti socialiste, La République en marche, Les Républicains, rejoint depuis par LFI, ont invité les Français à se réunir mardi partout en France, notamment place de la République à Paris, pour dire "Non à l’antisémitisme". Le RN a lui dit soutenir "toutes initiatives", déplorant de ne pas avoir été associé.
Interrogé dans la soirée sur BFMTV, Alain Finkielkraut, a dit ne pas être certain de s’y rendre. "Si on nous refait le coup du retour des années 30, alors non je n’en suis pas", a-t-il dit, refusant tout parallèle entre la situation actuelle et "l’antisémitisme de Vichy" et soulignant que Marine Le Pen avait immédiatement condamné les injures à son encontre.
Avant le dîner annuel en présence d’Emmanuel Macron, le président du CRIF, Francis Kalifat, a également appelé "les Français" à "prendre l’occasion de ce rassemblement pour donner le point de départ" à un "sursaut national".