Au salon Maghreb des livres, Driss El Yazami, président du CCME répond aux questions d’ATLASINFO

Organisé par l’Association « Coup de Soleil » en partenariat avec la ville de Paris et avec le soutien du Conseil de la Communauté marocaine à l’Etranger (CCME), le « Maghreb des livres » (01-02 juin) a mis cette année l’accent sur les « lettres marocaines ». Cette 30ème édition a connu la participation d’une trentaine d’auteurs, chercheurs, journalistes et d’artistes du Maroc ou d’origine marocaine, ainsi que par l’organisation notamment de séances de lectures, de dédicaces, d’expositions et de conférences. Interview avec le président du CCME, Driss El Yazami :

ATLASINFO : Le CCME soutient le Maghreb des livres, par sa programmation, son aide apporté à l’édition marocaine et à la prise en charge d’une vingtaine d’auteurs. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet engagement ?

Driss El Yazami : Notre objectif principal est que la communauté marocaine à Paris et sa région rencontre cette nouvelle génération d’écrivains et écrivaines marocains et permettre au public français et maghrébin de faire connaissance avec eux. Cet objectif, nous l’avons atteint. Le 2ème objectif est que de nouvelles plumes de notre diaspora émergent.

Il y a un nouveau phénomène, c’est la féminisation du roman marocain et sa mondialisation. Aujourd’hui, on pourrait parler d’un romain marocain écrit en arabe, amazigh, français, espagnol, catalan,  flamand, bref un roman multilingue. Il y avait aussi des moments forts ces deux jours du salon. Je peux citer le roman de l’historien anthropologue marocain « Le dernier Rekkas », chroniques d’un messager-piéton dans le sud du Maroc, un ouvrage, publié en arabe, en français et en anglais qui retrace la vie du père de l’auteur, probablement l’un des derniers « Rekkas » du Maroc qui portaient à pied les lettres avant l’arrivée de la poste.

Qu’en est-il des débats ?

Le salon a été émaillé de conférences et de débats. Il y a eu la conférence sur « Ecrivaines du Maroc » et la présentation d’un coffret « Ecritures féminines d’ailleurs », réalisé en partenariat avec les Editions le Fennec. Un débat a lieu sur la Modawana, fort et intéressant  qui  reflète la vitalité du mouvement féministe marocain.

Et puis, le débat sur la participation des soldats marocains pour la libération de territoires français du nazisme, alors que la France célèbre  les 80 anniversaires du débarquement des soldats américains.

Avez-vous entrepris d’autres initiatives en direction des Marocains du monde et dans d’autres territoires ou pays ?

Nous sommes en train de réfléchir sur la traduction d’œuvres d’écrivains marocains en langue arabe. Je prends un exemple, le livre  de Driss Chraibi « Les Boucs » publié en 1955. Un livre qui a créé une grande polémique à l’époque. L’auteur critique le rapport de la France avec ses immigrés, travailleurs exploités qu’il qualifie de « promus au sacrifice ».

C’est le premier livre qui évoque dans un langage poignant, le sort fait par le pays des Lumières aux Nord-Africains. Durant des décennies nous avons été privés de lire Driss Chraibi en arabe. Il est temps de réparer une injustice et permettre de lire tant d’œuvres dans notre langue. A ce propos, nous avons des projets avec des maisons d’édition.

Il y a aussi la participation au 60ème anniversaire de l’accord bilatéral belgo-marocain sur la main d’œuvre. Nous participons cette année à des initiatives dans ce sens, notamment d’un grand salon littéraire mobile en Belgique et nous envisageons avec les flamands une tournée à Oujda et Tanger, villes importantes de l’immigration marocaine vers ces pays.

 

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