A la mosquée ou au stade, les gestes barrières n’empêchent pas la « joie » de l’Aïd en France

Plusieurs milliers de fidèles en région parisienne ont célébré vendredi l’Aïd al-Adha, grande fête musulmane dont la configuration, dans des mosquées très encadrées ou « en plein air », a dû s’adapter au contexte sanitaire inédit lié à l’épidémie de coronavirus.

A Villemomble, 20 kilomètres à l’est de Paris, certains sont arrivés très en avance pour s’installer aux premiers rangs: au stade Alain-Mimoun, les tapis de prière se sont progressivement alignés sur le gazon synthétique, dans le respect de la distanciation physique.

Le masque, obligatoire, est largement porté par les fidèles, vêtus de djellabas blanches ou d’étoffes colorées.

Environ un millier d’entre eux ont assisté à la prière de l’Aïd, a constaté l’AFP.

« D’habitude on fait l’Aïd au pays, au Maroc, mais cette année avec le Covid-19 on n’a pas pu y aller alors on est obligé de le faire chez nous », explique Loubna Saadaoui, 46 ans, en robe rose pâle scintillante.

Selon elle, c’est une occasion de partager ce moment « magique » avec d’autres pratiquants du quartier.

Dans ce département de Seine-Saint-Denis où la population musulmane est importante, plusieurs villes et associations cultuelles ont opté pour une fête en extérieur, où le risque de contamination est moins élevé que dans un espace clos.

L’événement est d’autant plus inédit que c’est « la première fois » que la municipalité de Villemomble permet de fêter l’Aïd dans cette ville populaire, à la faveur d’un changement de majorité, explique Belkheir Okachi, président de l’Union des musulmans de la ville.

Cette fête dans un stade, « c’est une première », confirme M’hammed Henniche, responsable de l’Union des associations musulmanes du 93, qui rappelle que l’Aïd el-Fitr, autre grande fête musulmane célébrant la fin du ramadan, avait déjà été organisée dans un stade à Levallois-Perret, une autre commune de la région parisienne, le 24 mai.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait appelé samedi à la plus grande prudence, alors que les autorités sanitaires constatent une « nette augmentation » de la circulation du Covid-19 en France. Il avait demandé aux mosquées ne pouvant faire respecter les mesures barrières de « s’abstenir d’organiser les prières collectives de l’Aïd et du vendredi ».

Ainsi en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus éprouvés par l’épidémie, certaines mosquées ont préféré renoncer à célébrer l’Aïd.

« Grand jour »

A Gennevilliers, au nord de Paris, des milliers de fidèles se sont en revanche pressés pour assister à la prière, patientant en file indienne entre les deux offices. La jauge a été fixée à 1.800 personnes maximum.

« Allez mesdames, on y va tranquillement, et gardez vos distances », « On met les masques, les frères ! », lancent quelques uns des 70 bénévoles, chasubles jaunes sur le dos.

Malgré le contexte sanitaire, la mosquée fait le plein: plus de 3.500 fidèles sont venus ce vendredi matin célébrer l’Aïd à Gennevilliers lors de deux offices distincts.

« Au début c’était difficile, mais maintenant le respect des gestes barrière est entré dans les usages », observe Chaouki Abssi, le responsable. Chaque fidèle amène son sac, pour pouvoir y mettre ses chaussures avant de rentrer: il est interdit de les mettre sur les étagères prévues à cet effet.

Comme les autres fidèles, Nader Elemmawy a pris le pli. « Ça ne change pas grand-chose, c’est un grand jour pour les musulmans », se réjouit-il.

L’Aïd el-Adha (fête du sacrifice) ou Aïd el-Kébir (grande fête) prévoit également le sacrifice d’une bête de troupeau, généralement un mouton, à partager avec ses proches et des pauvres, en mémoire de la soumission à Dieu d’Abraham, prêt à offrir son fils et auquel fut in extremis substitué un mouton.

 

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