Rassemblée devant la caserne de la Garde républicaine, là-même où trois manifestants avaient été tués vendredi, la foule a crié "Morsi, Morsi !" et "Allah est grand !" devant les forces de sécurité déployées derrière un réseau de fils de fer barbelés.
"Nous ne partirons pas tant que Morsi ne sera pas de retour. Nous sommes prêts à mourir en martyrs", déclarait un manifestant de 55 ans, Hanim Ahmad Ali Al Saoui, en dénonçant le "coup d’Etat contre la démocratie".
Les Frères musulmans avaient appelé à de nouvelles manifestations ce dimanche mais la mobilisation semble n’avoir pas été très forte, très inférieure en tout cas à celle de vendredi dernier, quand les affrontements se sont soldés par une trentaine de morts et 1.400 blessés.
Le processus de transition lancé par les militaires a connu samedi son premier accroc avec l’annonce puis le démenti de la nomination de Mohamed El Baradeï comme Premier ministre, ce que refusent les salafistes du parti Al Nour, partie prenante à ce processus.
Dans le nord du Sinaï, des hommes armés ont attaqué dimanche matin quatre points de contrôle des forces de sécurité à Cheikh Zoueïd, non loin des frontières de la bande de Gaza et d’Israël.
Les assaillants arrivés à bord de camions pick-up ont ouvert le feu sur les militaires, sans faire de victimes, a-t-on précisé de sources proches des services de sécurité.
L’un des principaux groupes armés islamistes opérant dans le Sinaï, celui des Djihadistes salafistes, a diffusé un communiqué menaçant les policiers et les militaires qui mènent la "répression" contre la population de la péninsule.
Par ailleurs, le gazoduc qui relie l’Egypte à la Jordanie à travers le Sinaï a une nouvelle fois été endommagé par une explosion.
Depuis la chute d’Hosni Moubarak en février 2011, plus d’une dizaine d’attentats ont visé ce gazoduc, dont une branche alimente Israël en gaz naturel égyptien.
Samedi, un prêtre copte a été tué à El Arich, toujours dans le nord du Sinaï. La veille, cinq policiers avaient été tués par balles au cours de plusieurs attaques dans cette ville.
L’un des prédicateurs sunnites les plus influents, Youssefal Karadaoui, proche des Frères musulmans, a publié samedi sur son site internet une fatwa dans laquelle il appelle les Egyptiens à soutenir Mohamed Morsi et à demander à l’armée de se retirer du jeu politique.
Le porte-parole du président intérimaire Ali Mansour a tendu la main aux Frères musulmans en annonçant que ceux-ci seraient autorisés à participer aux prochaines élections, y compris au scrutin présidentiel.
L’armée n’a pas dit précisément quand auraient lieu ce sélections mais elle a assuré avoir une "feuille de route" pour assurer la transition politique.
Les tractations avec les différentes forces politiques impliquées dans ce processus ont cependant buté sur la nomination au poste de Premier ministre de Mohamed El Baradeï, annoncée dans un premier temps comme acquise par les médias officiels et des responsables égyptiens.
Le parti salafiste Al Nour, arrivé deuxième des dernière sélections législatives, derrière les Frères musulmans, s’est en effet opposé avec vigueur au choix du prix Nobel de la paix2005, favori des libéraux et de la jeunesse révolutionnaire.
Le porte-parole de la présidence intérimaire a reconnu que l’opposition d’Al Nour avait bloqué la nomination de l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique(AIEA), ajoutant que "plusieurs options" étaient étudiées, sans plus de précision.
Les Frères musulmans se sont aussi opposés à l’arrivée à la tête du gouvernement de celui qui avait appelé haut et fort l’armée à destituer Mohamed Morsi et que Farid Ismaïl, un responsable du Parti de la liberté et de la justice (PLJ),branche politique de la confrérie, a qualifié de "choix de Washington".
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude après la destitution de Mohamed Morsi mais se sont gardés de condamner un "coup d’Etat" de l’armée.
Le président russe Vladimir Poutine a estimé dimanche que l’Egypte risquait de sombrer dans la guerre civile. "La Syrie est déjà en proie à la guerre civile et l’Egypte prend le même chemin", a dit Poutine, cité par l’agence de presse RIA Novosti lors d’un déplacement à Astana, capitale du Kazakhstan.