Le film « L’attentat » de Ziad Doueiri interdit au Liban
Le film « L’attentat » du Libanais Ziad Doueiri, tourné en partie à Tel Aviv, a été interdit par Beyrouth à la demande du bureau de boycottage d’Israël rattaché à la Ligue arabe, une décision qualifiée de « stupide » par le réalisateur.
"Je regrette d’informer que le ministre libanais de l’Intérieur, Marwan Charbel, a décidé de nous punir en interdisant le film (…) arguant que je suis allé en Israël pour filmer" des scènes, a écrit M. Doueiri sur sa page Facebook. C’est une décision "stupide" et "injuste", a-t-il ajouté.
D’après le réalisateur, mais aussi le ministre de l’Intérieur, le film avait été autorisé en mars par le ministère, avant que celui-ci ne revienne sur sa décision après une demande du bureau de boycottage sollicitant son interdiction non seulement au Liban mais dans tous les pays arabes.
"Nous avions accepté (de faire passer le film), nous n’avions aucun problème, mais quand nous avons reçu la lettre de protestation (…) nous ne pouvions pas nous y opposer", a expliqué M. Charbel à l’AFP. "Pourtant, on m’a dit que le film est pro-palestinien", souligne-t-il.
"J’ai bien filmé une partie du film à Tel Aviv car une partie de l’histoire se déroule là-bas. J’ai eu recours à des acteurs israéliens parce qu’il s’agissait de mon choix artistique. je n’ai pas de regrets ni des excuses à faire", a souligné le réalisateur dans son message sur Facebook.
"Il y a eu plusieurs films palestiniens filmés en Israël, avec des acteurs israéliens et même un financement israélien et pourtant ils ont été visionnés à Beyrouth. Les Libanais sont-ils supposés brandir le drapeau palestinien plus haut que les Palestiniens eux-mêmes?", s’insurge-t-il.
Le réalisateur a précisé que le ministère avait refusé d’intégrer le film aux nominations du Liban pour les Oscars, avançant les mêmes motifs.
"L’attentat" sortira le 29 mai en France et le 21 juin aux Etats-Unis. Malgré le libre accès à Internet et le piratage débridé de DVD au Liban, Beyrouth respecte scrupuleusement la "liste noire" du bureau de boycottage d’Israël
En outre, la censure, qui relève d’une branche du ministère de l’Intérieu, s’applique si l’oeuvre incite aux dissensions confessionnelles, porte atteinte aux moeurs ou à l’autorité de l’Etat, ou favorise la propagande israélienne.