Tunisie: L’alliance laïque Nidaa Tounes serait en tête
L’alliance laïque Nidaa Tounes a remporté plus de 80 sièges aux élections législatives organisées dimanche en Tunisie, contre 67 pour les islamistes d’Ennahda, qui subiraient ainsi un revers, a-t-on déclaré lundi de source proche de Nidaa Tounes sur la base d’un décompte préliminaire.
Les autorités électorales doivent annoncer les résultats officiels dans la matinée mais les grands partis avaient déployé dimanche des observateurs dans la plupart des bureaux de vote pour superviser le dépouillement.
Dès dimanche soir, Béji Caid Essebsi, chef de file de Nidaa Tounes, a fait état d’"indications" donnant sa coalition victorieuse du scrutin.
Du côté des islamistes d’Ennahda, vainqueurs des premières élections libres organisées en octobre 2011 quelques mois après le renversement de Zine Ben Ali, on invitait en revanche à la patience dans l’attente des résultats officiels.
Ces élections législatives et le scrutin présidentiel prévu en novembre et décembre doivent parachever la transition vers la démocratie en Tunisie en dotant le pays de nouvelles institutions, près de quatre ans après la "révolution de jasmin".
SCRUTIN DOMINE PAR LES ENJEUX ECONOMIQUES
Le soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011 contre le régime autoritaire de Zine Ben Ali a été le déclencheur de révoltes à travers le monde arabe.
De tous les pays concernés par ce "printemps arabe", la Tunisie fait désormais figure d’exception. Malgré des violences imputées à des islamistes radicaux, dont le meurtre de deux responsables de l’opposition laïque en 2013, elle échappe en grande partie aux troubles, au chaos voire à la guerre civile dont sont victimes à des degrés divers l’Egypte, la Libye et la Syrie.
Elle s’est dotée en janvier d’une nouvelle constitution garantissant notamment la liberté de croyance et promouvant l’égalité entre les sexes.
Ce texte, salué par les pays occidentaux comme un modèle pour l’instauration d’un régime démocratique et respectueux des droits de l’homme, est le fruit d’un compromis au sein d’une Assemblée constituante élue en octobre 2011.
Ennahda était alors sorti large vainqueur du scrutin avec environ 90 élus sur 217 mais son exercice du pouvoir avec deux formations laïques lui a valu de nombreuses critiques sur son incapacité à relancer l’économie et son indulgence à l’égard des islamistes radicaux.
Alors que la place de l’islam dans la société et la sphère politique avait été le thème majeur des élections de 2011, le scrutin de dimanche a été davantage dominé par les enjeux économiques, sociaux et sécuritaires dans un pays dépendant en grande partie de son activité touristique.