Algérie: report du procès d’ex hauts cadres de Sonatrach pour corruption
Le procès d’anciens dirigeants du groupe pétrolier public algérien Sonatrach, au centre d’un vaste scandale de corruption, a été reporté dimanche, peu après son ouverture, en raison de l’absence de plusieurs témoins clefs.
Ils sont poursuivis notamment pour association de malfaiteurs, détournement de fonds publics, blanchiment et corruption dans le cadre de marchés conclus "de gré à gré" avec des compagnies étrangères.
A l’ouverture, le juge Mohamed Reggad a fait l’appel des accusés puis des 108 témoins, dont une trentaine étaient absents.
Le procès avait déjà été renvoyé au mois de mars pour les mêmes raisons.
L’un des avocats de la défense, Me Sadek Chaib, a demandé à la Cour de vérifier si les mandats d’amener avaient été délivrés contre les témoins absents le 15 mars, lors du 1er report.
Après une trentaine de minutes de délibérations, le juge a annoncé le report du procès à la prochaine session, qui s’ouvre à la fin de l’été.
"Il faut corriger les vices de procédures. Ce sont des témoignages que le tribunal a jugés essentiels (…) cela fait partie d’un procès équitable", a déclaré à l’AFP Me Fatima Chenaïf, membre du collectif de défense d’un des cadres de Sonatrach.
La Cour a rejeté la demande de remise en liberté des sept accusés, qui se trouvent en détention depuis plus de cinq ans.
"La détention provisoire ne doit pas aller au delà de 20 mois. C’est une violation de la loi que de laisser quelqu’un en détention provisoire pendant cinq ans", a déclaré à l’AFP Me Mustapha Bouchachi, avocat de la défense.
Un ancien PDG du groupe, Mohamed Meziane, deux de ses enfants et huit ex-directeurs exécutifs de Sonatrach font partie des accusés.
Mohamed Meziane est soupçonné d’avoir accordé à la société Funkwerk Algérie des marchés de plus de 110 millions d’euros en contrepartie de cession d’actions à ses deux enfants.
Le marché aurait également donné lieu à des commissions de 4 millions d’euros qui auraient servi à financer des cadeaux destinés à la famille de M. Meziane, dont un appartement à Paris.
Mohamed Meziane est aussi soupçonné d’avoir favorisé la société italienne Saipem, filiale d’ENI, dans un contrat de 586 millions d’euros pour la réalisation d’un gazoduc entre l’Algérie et l’Italie.
Saipem, dont le directeur pour l’Algérie avait pour conseiller un des fils de M. Meziane, avait ensuite sous-traité le marché à la société française Spiecapag qui était sa concurrente lors de l’appel d’offre.
Un troisième dossier concerne la rénovation d’un immeuble de Sonatrach dans le centre d’Alger. D’un montant de plus de 64 millions d’euros, le chantier aurait été confié de manière illégale à une autre entreprise étrangère.