Projet d’attentat déjoué en France: quatre suspects et des ramifications
L’enquête sur le projet d’attentat déjoué jeudi en France révèle des connexions européennes: après deux hommes inculpés en Belgique, un Français a été interpellé dimanche aux Pays-Bas, tous trois soupçonnés d’avoir été en lien avec le principal suspect, Reda Kriket.
Après son arrestation jeudi à Boulogne-Billancourt (banlieue de Paris), le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé qu’un projet d’attentat "à un stade avancé" avait été déjoué, sans donner plus de précision.
Dans un appartement d’une autre ville de banlieue, Argenteuil, les policiers ont trouvé un véritable arsenal: cinq kalachnikovs, un fusil mitrailleur, sept armes de poing, des chargeurs, ainsi que des explosifs, dont du TATP, l’explosif artisanal prisé par les jihadistes de l’organisation Etat islamique (EI).
Depuis, l’enquête s’est étendue à plusieurs pays européens.
Dimanche, Anis B., un Français de 32 ans, a été interpellé à Rotterdam (Pays-Bas). Cet homme, qui a séjourné en Syrie, est soupçonné d’avoir été mandaté par l’EI pour commettre un attentat en France avec Reda Kriket, selon une source policière.
Lors des perquisitions, des munitions ont été retrouvées, mais pas d’explosifs, a indiqué le parquet néerlandais. Visé par un mandat d’arrêt européen émis par les juges français, Anis B. devrait être remis à la France dans les prochaines semaines.
Trois autres suspects interpellés à Rotterdam étaient entendus par la police néerlandaise lundi.
– Deux inculpés en Belgique –
En Belgique, deux hommes, Abderamane A. et Rabah N., arrêtés vendredi dans le centre de Bruxelles, ont eux été inculpés pour "participation aux activités d’un groupe terroriste" et placés en détention provisoire.
Né en 1977 en Algérie, Abderamane A., apparaît déjà comme un vétéran chez les jihadistes. Il avait été condamné à Paris en 2005 au procès d’un réseau accusé d’avoir apporté un soutien logistique au départ en Afghanistan des assassins du commandant Massoud, tué le 9 septembre 2011, deux jours avant les attentats contre le World Trade Center à New-York.
Il avait écopé de sept ans de prison et d’une interdiction définitive du territoire français. Lui-même parti en Afghanistan, il était resté mutique tout au long de l’audience, gardant le mystère sur son parcours.
Si les procédures sont distinctes, des liens ont été établis entre l’attentat déjoué et les enquêtes sur les attentats de Paris (13 novembre, 130 morts) et de Bruxelles (22 mars, 35 morts), notamment via la Syrie, d’où sont revenus la plupart des jihadistes qui ont attaqué les capitales française et belge.
Kriket avait été condamné en son absence en juillet 2015 en Belgique au procès d’une filière jihadiste vers la Syrie, dont l’un des principaux prévenus était le Belge Abdelhamid Abaaoud, figure des jihadistes francophones de l’EI et un des organisateurs présumés des attentats parisiens, mort quelques jours après dans une opération policière.
Cette filière était dirigée par un Bruxellois de 41 ans, Khalid Zerkani, le "plus grand recruteur de candidats au jihad" en Belgique, d’après les autorités belges.
Kriket avait été condamné à 10 ans de prison par défaut. L’enquête avait mis en lumière son rôle dans le financement de la filière, en reversant notamment le butin de ses braquages. Il était recensé comme résidant à Ixelles, une commune de Bruxelles.
Né le 17 janvier 1982 en banlieue parisienne, Reda Kriket a été condamné à plusieurs reprises en France pour des faits de délinquance, dont des faits de violences et de vols aggravés. Il avait notamment écopé de 5 ans de prison en 2005 pour sa participation à une expédition punitive.