"Je reviens avec une grande détermination", a affirmé la patronne du FN devant environ 500 personnes, dans le village de Brachay (nord-est).
"Notre famille politique est la seule capable d’incarner la grande alternance" en France, a martelé devant ses partisans Marine Le Pen, battue par Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle en mai avec 33,9% des voix.
Depuis cet échec électoral, le climat s’est détérioré pour la cheffe de file du parti anti-immigration anti-Europe, supplantée par le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon comme tête d’affiche de l’opposition au centriste Emmanuel Macron.
Son parti, lui, est divisé. Malgré un score historique à la présidentielle et un nombre record de députés au scrutin majoritaire — Aux législatives de juin, le FN a remporté huit sièges à l’Assemblée nationale sur 577 –, les responsables du parti ne cessent de se renvoyer la responsabilité de l’échec électoral, certains doutant désormais que Marine Le Pen soit leur meilleur porte-drapeau.
Soucieuse de retrouver un nouveau souffle sur l’échiquier politique français, la présidente du FN s’en est prise violemment à ses adversaires, au premier rang desquels Jean-Luc Mélenchon, dont le mouvement France Insoumise compte 17 députés à l’Assemblée et se targue d’être la première force d’opposition en France.
Elle a vilipendé "l’extrême gauche dominée par les islamo-trotskistes de la France insoumise, salmigondis de contestataires qui puisent leurs aspirations dans les pires dictatures, Cuba hier, le Vénézuela aujourd’hui".
"Le macronisme, c’est le triomphe de la classe dominante avec pour seul vernis moral les droits de l’homme et pour seules valeurs et finalités l’argent", a-t-elle lancé, dénonçant la "politique de précarité à perpétuité" menée par le président centriste pro-européen, en référence à l’assouplissement du code du travail qu’il a engagé.
La députée a par ailleurs pris soin d’évoquer les querelles qui minent son propre parti, qu’elle ambitionne de "refonder" après une vaste consultation de sa base.
A ce sujet, elle a mis en garde dans son discours ses lieutenants contre le poison de la division : "Dans les grands combats, les petites carrières personnelles ne comptent pas (…) La première victoire est sur nous-mêmes".
Le nouveau Front national, "qui portera un nouveau nom", verra ses orientations ajustées à l’issue d’un congrès en mars, dont le vote sera "souverain". Parmi les sujets qui divisent les militants figure la sortie de l’euro, une promesse de campagne de Marine Le Pen qui fait peur à une majorité de Français.
Elle a aussi prôné une meilleure "capacité d’ouverture aux alliances politiques et électorales". Ce voeu est formulé par de nombreux cadres du FN, qui souhaitent attirer un électorat de droite élargi, contrairement au vice-président du parti Florian Philippot qui souhaite plutôt rassembler la France du "non" au référendum sur la constitution européenne de 2005.
Le chantier lancé par Marine Le Pen pour redresser son parti s’annonce laborieux. Pour l’heure, dans l’opinion publique, c’est la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon qui incarne le premier opposant à l’exécutif (32% des personnes interrogées), largement le Front national (14%) et le parti de droite Les Républicains (9%), selon un sondage Elabe publié samedi. Près de quatre Français sur dix (39%), eux, estiment qu’aucun mouvement politique n’incarne l’opposition à Emmanuel Macron.
AFP