Au terme d’une première journée de débats intenses au Musée d’Art Moderne de Rio de Janeiro, les dirigeants du G20 ont adopté la déclaration finale, marquant ainsi un retour au consensus après deux années d’impasse. Ce fut un triomphe pour la diplomatie du président Lula da Silva, qui a su mettre en avant sa vision d’une gouvernance mondiale plus inclusive et d’un monde plus juste et durable.
« Nous avons travaillé dur, bien que conscients de n’avoir fait qu’effleurer la surface des profonds défis que connaît le monde », a toutefois reconnu Lula.
Le document aborde des dossiers épineux, notamment les conflits au Proche-Orient et en Ukraine, tout en soutenant un cessez-le-feu à Gaza et au Liban. Il endosse aussi l’idée de réformes pour rendre la gouvernance mondiale plus efficace et plus représentative, ainsi que de coopérer pour taxer « effectivement » les individus très fortunés, des initiatives promues par Lula pour réduire les inégalités et saluées comme un pas « historique ».
Ce consensus a été salué par les observateurs. Selon Ronaldo Carmona, analyste au Centre brésilien des relations internationales, l’aboutissement de cette déclaration reflète un exploit remarquable dans un contexte de polarisation mondiale exacerbée entre le G7 et l’OTAN d’un côté, et les économies émergentes regroupées au sein des BRICS, de l’autre.
« La crise du multilatéralisme est structurelle. Parvenir à une déclaration commune, malgré la radicalisation actuelle, notamment sur la guerre en Ukraine, est une réussite de la présidence brésilienne », a-t-il déclaré, en soulignant que le G20 reste le seul espace où ces blocs peuvent encore dialoguer.
L’adoption de la déclaration reflète la capacité de Lula à influencer le dialogue multilatéral et à fédérer des nations telles que les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Allemagne. Même l’Argentine de Javier Milei, initialement sceptique, a fini par rallier le texte grâce à une médiation concertée de Joe Biden et Xi Jinping, évitant ainsi un isolement diplomatique.
« S’opposer à ce texte aurait isolé Milei, non seulement face au Brésil, mais aussi vis-à-vis de l’ensemble du G20 », a expliqué Roberto Goulart Menezes, professeur de relations internationales à l’Université de Brasilia.
L’un des grands résultats a été le lancement de l’Alliance contre la faim et la pauvreté. Regroupant déjà 148 membres, dont 82 pays, cette initiative vise à toucher un demi-milliard de personnes d’ici 2030.
« Ce sera notre plus grand héritage », s’est félicité Lula, ancien ouvrier qui a fait de la lutte contre la pauvreté un combat personnel.
« Un véritable combat mondial. Il doit se poursuivre », a écrit Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne sur X, alors que le Premier ministre indien Narendra Modi a loué le rôle de cette initiative pour la sécurité alimentaire et l’amélioration des conditions des plus vulnérables.
S’il est vrai que le Brésil a su mettre à profit sa présidence du G20 pour porter des projets audacieux, les ambitions climatiques restent en demi-teinte. A trois jours de la fin de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, le sommet n’a pas réussi à apporter une impulsion décisive, alors que le bloc représente 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et pèse 85% du PIB mondial.
Lula a néanmoins exhorté les dirigeants à agir, qualifiant cette lutte de « combat pour la survie ».
Alors que l’Afrique du Sud a pris les rênes du G20, le Brésil s’apprête à relever d’autres défis l’année prochaine : la présidence des BRICS et l’accueil de la COP30 à Belém, au cœur de l’Amazonie.