Depuis le début de ce siècle, jamais Sommet de la Ligue arabe qu’Alger s’apprêterait à abriter n’a été aussi incertain, aussi problématique. Et pour cause, le régime algérien, devenu champion incontesté des ruptures et des instabilités, ne peut prétendre incarner cet élan des réunifications et des réconciliations, l’esprit même de tout Sommet arabe.
Le duo qui dirige actuellement d’Algérie Abdelmajid Tebboune et Saïd Changriha rêvait sans aucun doute de transformer leur pays en un lieu de pèlerinage pour tous les chefs d’Etat arabes. Le lustre diplomatique qu’ils allaient en tirer était inestimable pour les sortir de l’isolement international dans lequel le pays s’enfonce de jour en jour. Ce sommet arabe était conçu par Alger comme une occasion inespérée de redorer son blason et reprendre l’initiative. Or ce projet est lourdement compromis aujourd’hui.
Et ce ne sont pas le multiples visites aux pays arabes que le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra effectue qui vont lever cette immense suspicion. l’Algérie est actuellement dirigée par un régime politico-militaire qui sème les tensions et le chaos et qui a fait des choix aux antipodes des intérêts de la grande communauté des pays arabes.
Ce Sommet arabe à Alger prévu en mars a été reporté jusqu’après le Ramadan. Et la question qui taraude les chancelleries : s’agit-il d’un report technique ou d’une annulation purement politique ? Dans tous les cas , cela témoigne des difficultés de la machine diplomatique algérienne à convaincre et de la persistance des réticences des principales capitales arabes.
Pour que les pays arabes parviennent à cette situation de doute et d’interrogations sur la crédibilité et la capacité du régime algérien à organiser une tel Sommet, force est de constater qu’il a commis d’énormes et d’insurmontables erreurs politiques qui ont dévoilé à la fois sa mauvaise foi, son incompétence.
Première erreur tragique pour un pays qui s’apprête à organiser ce grand forum diplomatique arabe, la décision de rompre ses relations avec son voisin immédiat, le Maroc, sous des prétextes fallacieux. Rompre les relations et le contrat du gazoduc maghrébin, fermer l’espace aérien et menacer d’une confrontation militaire, etc. Autant de comportement qui pour une diplomatie avisée aurait annoncé un suicide politique évident.
Pour Alger où la myopie le dispute à l’incompétence, on peut créer cette équation de guerre et de tensions avec ses voisins et espérer organiser un sommet arabe en l’absence d’un des pays fondateurs de la Ligue arabe, le Royaume du Maroc. Il faut rajouter à cette posture algérienne la décision annoncée du ministre Lamamra d’imposer un ordre du jour au sommet pour discuter du sort des palestiniens et des séparatistes du Polisario.
Or aucun pays arabe ne reconnaît le Polisario et récemment le Maroc a reçu de la part notamment de tous les pays du Golfe un soutien aussi massif qu’éclatant de sa souveraineté sur ses provinces sahariennes. Ce qui rend la démarche algérienne, même sur un plan purement de communication, stérile et contre productive.
Seconde erreur fatale de la diplomatie algérienne est sa proximité avec le régime iranien qui constitue depuis des années un cauchemar sécuritaire pour les pays du Golfe, groupe extrêmement influent au sein de la Ligue arabe. Non seulement l’Algérie sert actuellement de point diffuseur de l’influence iraniens dans la région de l’Afrique du Nord et du Sahel comme en témoigne l’intimité politique depuis en plus voyante entre Alger de Téhéran , mais sous la pression iranienne et russe, le régime algérien voulait faire de ce sommet arabe l’occasion de réintégrer le régime syrien de Bachar El Assad. Une démarche loin de faire l’unanimité au sein de la ligue arabe.
Signe supplémentaire qu’Alger est sous contrainte iranienne, le dernier communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui critique mollement l’attaque terrorise de Houthis depuis le Yémen contre la ville d’Abou Dhabi. Pour ne pas se mettre à dos le régime iranien , Alger traite de la même manière une organisation terroriste, les Houthis armés par Téhéran et le pays les Emirats arabes unis dont la guerre contre les organisations terroristes est de notoriété publique.
Cette tiédeur algérienne n’est pas sans conséquence politique: Qui parmi les puissants pays du Golfe voudrait offrir un cadeau politique à l’allié de son pire ennemi, l’Iran ? Quel chef d’Etat ou quel souverain voudrait figurer sur la même photo que le duo Tebboune et Changriha sans risquer de perdre toute crédibilité ?
Que ce soit à l’égard du Maroc ou des autres pays arabes , l’Algérie a fait preuve d’une ignorance et d’un manque de savoir-faire diplomatique qui la disqualifie automatiquement et rend anachronique sa prétention d’organiser un Sommet arabe .