Trump veut refaire campagne et tourner la page de son Covid-19
Donald Trump, largement distancé par le démocrate Joe Biden dans les sondages à 25 jours de la présidentielle aux Etats-Unis, tentait vendredi de reprendre à tout prix sa campagne une semaine seulement après avoir été hospitalisé en raison du Covid-19.
Le président républicain sortant, confiné à la Maison Blanche depuis sa sortie d’hôpital lundi, doit participer à la mi-journée à un « meeting radiophonique », virtuel donc, organisé par une figure de la sphère conservatrice, Rush Limbaugh.
Puis le soir, il doit s’exprimer pour son premier entretien filmé depuis l’annonce de son test positif au coronavirus il y a une semaine — là aussi chez un journaliste « ami », Tucker Carlson, sur la chaîne Fox News.
Surtout, il envisage un vrai meeting, en personne, dès samedi soir en Floride, puis un autre lundi en Pennsylvanie, deux Etats-clés qu’il doit remporter, comme lors de sa victoire-surprise en 2016, pour décrocher un nouveau mandat de quatre ans.
Et ce, alors même que la multiplication des rassemblements, avec peu ou pas de distanciation physique et de masques dans le public, lui est reprochée de toutes parts.
Enquête sur son aptitude
Le message est clair: la page de la maladie est tournée, le 45 président des Etats-Unis, 74 ans, « va bien » et remonte sur le ring.
En revanche, l’imbroglio sur le prochain débat télévisée Trump-Biden reste entier. Le président refuse qu’il soit virtuel, comme l’ont décidé les organisateurs par précaution sanitaire, et le ping-pong entre son équipe et celle du démocrate n’a pas encore permis d’aboutir à une solution.
En face, pendant ce temps, ses adversaires mettent ouvertement en cause son aptitude à gouverner.
La présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi doit présenter vendredi une proposition de loi pour créer une commission chargée d’enquêter sur son état de forme réel, dans le cadre du 25e amendement de la Constitution américaine qui prévoit que le président cède le pouvoir à son vice-président s’il n’est plus en mesure de diriger la première puissance mondiale.
Cette initiative spectaculaire n’a que peu de chances d’aboutir, surtout dans le climat de divisions extrêmes avant l’élection du 3 novembre.
Mais il s’agit pour le camp Biden de mettre l’accent sur la maladie contractée par Donald Trump, et plus largement sur la pandémie qu’il a largement minimisée et qui a fait plus de 212.000 morts aux Etats-Unis, de loin le pays le plus endeuillé au monde.
Le médecin présidentiel, Sean Conley, dont la communication élusive est sous le feu des critiques, a semblé ouvrir la voie à une reprise de la campagne dès ce week-end.
« Monstre »
« Je m’attends à ce que le président puisse reprendre ses activités publiques » samedi « sans risque », a-t-il affirmé jeudi dans un bulletin de santé.
Mais une question cruciale reste sans réponse: Donald Trump, qui « pense » ne plus être contagieux, a-t-il subi un test négatif pour conforter cette conviction? L’intéressé a dit jeudi soir que le test aurait « probablement » lieu vendredi.
La frustration de l’ex-homme d’affaires de New York est palpable.
Joe Biden, qui compte désormais près de dix points d’avance dans les sondages nationaux et a également conforté son avantage dans les intentions de vote au niveau des Etats décisifs pour l’élection, continue lui sa campagne à son rythme.
Après l’Arizona jeudi, en compagnie de sa colistière Kamala Harris, il doit se rendre vendredi dans le Nevada.
Il martèle quasiment un seul message: Donald Trump est responsable, sur la gestion de la pandémie, du « plus gros échec de toute administration présidentielle dans l’histoire de notre pays », comme l’a dit la sénatrice Harris dans son débat de mercredi face au vice-président républicain Mike Pence.
Et M. Biden élude volontairement les questions délicates sur les autres sujets, notamment sur la volonté de certains démocrates d’augmenter le nombre de juges à la Cour suprême pour diluer la majorité conservatrice au sein de cette institution-clé qui tranche les grande questions de société.
Privé de déplacements et de meetings depuis plus d’une semaine, Donald Trump a multiplié ces derniers jours les vidéos débridées depuis la présidence, et les entretiens téléphoniques sur Fox News.
La voix parfois enrouée, il a attaqué tous azimuts, qualifiant Kamala Harris de « monstre », réclamant des poursuites judiciaires contre son prédécesseur Barack Obama, Joe Biden, ou la candidate malheureuse de 2016 Hillary Clinton. Il s’en est aussi pris, de manière plus inhabituelle, à deux de ses ministres les plus loyaux, Mike Pompeo et Bill Barr, coupables à ses yeux de ne pas avoir permis à ces poursuites d’être déclenchées.