Âgée de 22 ans, Zineb raconte une expérience amère avec une voix tremblante qui trahit pourtant sa joie d’avoir embrassé la liberté. Elle explique comment un manque affectif et un écart dans sa relation avec ses parents ont fait d’elle une proie facile pour les groupes extrémistes alliés de « Daech » qui ont réussi à la manipuler à des fins terroristes.
Zineb décrit à la MAP, avec beaucoup d’émotion, son passage soudain d’une vie normale et tranquille à la maison et à l’école, où elle se distinguait par sa fibre littéraire et son amour pour le théâtre et la lecture, aux griffes de l’extrémisme et du terrorisme.
Cette expérience dure a commencé avec l’acquisition d’un smartphone et l’accès au monde virtuel et aux réseaux sociaux.
La jeune fille explique comment les réseaux sociaux sont devenus une source de terreur au lieu d’être une plateforme de communication et d’ouverture sur des mondes nouveaux, surtout après avoir été visée par un compte inconnu qui, dans le silence de la nuit, a empoisonné son esprit par des idées hostiles à sa patrie et sa petite et grande famille.
Subitement, cette adolescente en manque d’affection a développé de la haine envers ses parents et sa patrie, éprouvant ainsi plus de sympathie pour les groupes extrémistes qui ciblent leurs victimes avec beaucoup de soin. Dans ce contexte, elle regrette avoir rejoint les rangs de ce groupe, « vu l’absence d’une éducation religieuse et l’ignorance des vrais préceptes de la religion ».
Une fois arrêtée et emprisonnée, Zineb a réalisé que la prison était une occasion pour vivre en sécurité, amour et paix au lieu de réaliser les plans et objectifs que lui dictaient les groupe terroristes.
Ainsi, Zineb a réussi, grâce à ses encadrants dans l’établissement pénitentiaire, à se débarrasser des « idées hostiles et extrémistes et du regard mélancolique » qu’elle portait à elle-même et à son entourage.
Durant son incarcération, elle a appris les principes de la religion musulmane, qui n’ont aucun lien avec les pensées criminelles prônées par les groupes extrémistes. « L’Islam est plutôt une religion du juste milieu, de modération et d’acceptation de l’autre », dit-elle.
Zineb a également bénéficié du programme « Moussalaha » (Réconciliation), lancé par la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), en partenariat avec la Rabita Mohammadia des Oulémas et le Conseil national des droits de l’Homme, qui vise à encadrer et réhabiliter psychologiquement et intellectuellement des détenus impliqués dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme pour leur permettre de se comporter de manière appropriée avec les différentes composantes de la société et leur assurer une bonne intégration sociale.
L’accompagnement psychologique dont Zineb a profité durant sa détention lui a permis de chasser « les idées extrémistes, funestes et hostiles » et de se réconcilier avec elle-même et avec la société.
Après sa libération, Zineb a été accueillie par la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, aux côtés de dix anciennes détenues ayant également bénéficié de la Grâce royale après avoir intégré le programme « Moussalaha », pour un accompagnement orienté vers l’avenir et une réinsertion sociale et professionnelle réussie.
Après avoir embrassé la liberté et regagné le domicile familial, Zineb a adressé un message aux parents et notamment aux mères pour prendre soin de leurs enfants et surveiller leurs comportements, estimant que le vide familial est un point faible que les groupes terroristes exploitent pour instrumentaliser leurs victimes.