La mission essentielle de la Constituante sera d’élaborer une nouvelle Constitution qui devrait aboutir à "un nouvel ordre républicain, civil, démocratique", selon les souhaits exprimés par nombre de partis et d’association de la société civile.
La nouvelle loi fondamentale doit notamment définir les contours du régime politique devant régir le pays à l’avenir et les critères des prochaines élections présidentielles, législatives et municipales.
Le premier acte fort de l’assemblée après l’élection de son président et de deux vice-présidents, consistera dans la mise en place des deux commissions, l’une chargée du règlement intérieur et l’autre de l’organisation provisoire des pouvoirs publics.
Ce sera ensuite au tour du nouvel exécutif transitionnel avec l’élection du président de la République, prévue d’ici fin novembre. Il aura à désigner un Premier ministre, dont le gouvernement devra recueillir la confiance des élus.
C’est le "premier moment démocratique tunisien, avec sa magie et ses lumières, ses dérives et ses ombres aussi", selon les termes de Chedly Ayari, ministre de l’Economie dans les années 70 sous la présidence Bourguiba.
La nouvelle institution est dominée par trois partis disposant d’une majorité confortable. Au mouvement islamiste "Ennahdha", grand vainqueur de l’élection d’octobre avec 89 sièges sur les 217 que compte l’assemblée, se sont alliés deux partis de gauche, le Congrès pour la République (CPR) qui a remporté 29 sièges et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) ou "Ettakatol" avec 21 sièges.
Les trois formations majoritaires se sont, du reste, partagées les trois postes-clés de ce qui devrait être le nouvel exécutif lors de tractations ardues ayant précédé l’avènement de la Constituante.
La présidence du conseil des ministres est "logiquement" revenue à l’homme fort d’Ennahdha Hamadi Jebali, seul candidat à ce poste jusqu’ici, alors que le chef du CPR, Moncef Marzouki et le dirigeant d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaâfar, se sont vu attribuer respectivement la présidence de la république et celle de l’assemblée constituante à l’issue d’un bras de fer qui a finalement penché en faveur du premier.
"L’accord de principe" conclu dans ce sens devra cependant être approuvé par les élus. En face, les autres partis de gauche dont les résultats électoraux ont été en-deçà de leurs attentes, ont choisi de se ranger dans ce qui sera la nouvelle opposition.
C’est la cas notamment du Parti démocratique progressiste (PDP) de Néjib Chebbi et Maya Jribi (16 sièges), du Pôle démocratique moderniste (PDM), une coalition formée autour d’"Ettajdid" (ex-parti communiste) d’Ahmed Brahim et de la "Moubadara" (L’Initiative) dirigée par Kamel Morjane, ancien ministre sous Ben Ali, avec chacun cinq sièges.
Un responsable du PDP, issam Chebbi a aussitôt donné le ton en s’attaquant à la démarche empruntée "en catimini" par les trois partis majoritaires. Il leur a reproché de se soucier des postes plutôt que des programmes et prérogatives du nouvel exécutif et des exigences de la prochaine étape.