"Prier dans la rue n’est pas digne d’une pratique religieuse et contrevient au principe de laïcité", s’est justifié M. Guéant dans une interview jeudi au quotidien "Le Figaro". "Ma vigilance sera sans faille pour que la loi soit appliquée", a-t-il prévenu, avertissant les contrevenants que les pouvoirs publics pourraient "aller jusqu’à l’emploi de la force, si nécessaire".
Toutefois, le ministre a écarté cette hypothèse, privilégiant la concertation. "J’ai voulu que cette affaire soit conduite dans la concertation plutôt que par le recours à la force publique", a-t-il dit, rappelant que dès sa prise de fonctions, il avait indiqué que "la prière dans la rue devait cesser car elle heurte la sensibilité de nombre de nos compatriotes, choqués par l’occupation de l’espace public par une pratique religieuse". "Cela n’est pas conforme au principe de laïcité qui nous régit", a-t-il réaffirmé, notant que "tous les responsables du culte musulman en sont d’ailleurs convaincus".
Le ministre a annoncé qu’une solution a été trouvée au dossier "sensible" du quartier de la Goutte d’Or, situé dans le nord de Paris, où les deux mosquées Khalid Ibn al-Walid et Al-Fath débordent de fidèles qui prient dans les rues avoisinants à l’occasion de la prêche du vendredi, faute d’espace.
"Tout à fait, une convention a été signée hier soir. Au terme de plusieurs semaines de négociations, nous avons trouvé une solution pour que les fidèles qui priaient rues Myrha et Polonceau pratiquent désormais leur culte dans des locaux disponibles et situés à proximité", a-t-il déclaré. "Les responsables du culte musulman et ceux des deux mosquées de la Goutte d’Or, qui se sont constitués en association cultuelle, ont convenu qu’ils pouvaient pratiquer leur religion sur ce site qui appartient à l’Etat", a-t-il ajouté, en référence à une ancienne caserne de pompiers d’une superficie globale de près de 2.000 m2.
Selon lui, ce nouveau lieu du culte "sera loué 30.000 euros par an, selon le prix fixé par l’administration, pour un bail de trois ans qui s’achèvera en 2014". Il s’agit, selon M. Guéant, d’une solution transitoire, car il existe un projet de mosquée dans les locaux de l’Institut des cultures de l’Islam dans ce même 18è arrondissement parisien. Il peut accueillir près de 2.700 fidèles, selon les autorités.
Interrogé sur la possibilité pour l’Etat de financer la création de lieux du culte, il a été catégorique. "La loi est claire : l’Etat ne peut apporter de contribution à la construction de mosquées ou d’églises, pas plus que les collectivités locales". "Ce sont des affaires du culte, donc des fidèles. Il n’y a pas de contribution publique à la réalisation d’un édifice du culte", a-t-il conclu.