Berlusconi impose sa rigueur
Alors que des milliers de manifestants ont défilé dans les rues des grandes villes italiennes, le gouvernement de Silvio Berlusconi a tenté de rassurer mardi les marchés en accélérant l’adoption de son plan de rigueur. Et en annonçant une réforme constitutionnelle pour introduire une « règle d’or » d’équilibre budgétaire.
Et pour mieux regagner la confiance des investisseurs, le gouvernement italien a employé les grands moyens. Ainsi Silvio Berlusconi a annoncé une augmentation de la TVA d’un point, à 21%. Une taxe pesant sur les Italiens les plus riches va être par ailleurs réintroduite, mais elle sera beaucoup moins large que celle abandonnée la semaine dernière sous la pression du Cavaliere. Elle ne sera en effet que de 3% et concernera la partie des revenus dépassant 500.000 euros par an alors que la précédente version était de 5% sur les revenus compris entre 90.000 et 150.000 euros et de 10% sur les revenus dépassant 150.000 euros. L’âge de départ en retraite des femmes dans le secteur privé, actuellement fixé à 60 ans, sera aligné sur celui des hommes, qui est de 65 ans, à partir de 2014 et non de 2016 comme cela était prévu jusqu’à présent.
Une "règle d’or" pour tranquilliser les marchés
Autre effet d’annonce, le projet d’introduction dans la Constitution d’une "règle d’or" d’équilibre budgétaire. Le ministre des Finances Giulio Tremonti a annoncé mardi qu’il serait validé par le conseil italien dès jeudi. Dans les tuyaux depuis juillet, cette réforme ne devait pourtant pas intervenir avant octobre. Son approbation par le Parlement pourrait toutefois prendre du temps comme toute modification de la constitution
Au total, la nouvelle cure d’austérité italienne de 45,5 milliards d’euros, annoncée le 12 août après l’adoption d’un premier plan de 48 milliards en juillet, doit permettre au pays de parvenir à l’équilibre budgétaire en 2013 au lieu de 2014 et de réduire son énorme dette (120% du PIB). Mais les tergiversations du gouvernement sur les mesures avaient soulevé des questions sur sa crédibilité. Des hésitations qui s’expliquent notamment par le mouvement social qui agite le pays.
Grève générale et manifestations anti-Berlusconi
Depuis plusieurs semaines, la rentrée sociale s’annonçait chaude en Italie. Mardi a été organisée la première journée de mobilisation générale. Des milliers de manifestants ont défilé à Rome contre le plan d’austérité du gouvernement, à l’appel du principal syndicat italien, la CGIL, qui a également lancé un mot d’ordre de grève générale pour la journée. Pierluigi Bersani, le secrétaire du principal parti d’opposition, le Parti démocrate (PD), a pris part au défilé. "[La réforme] n’est pas crédible parce qu’elle est injuste. Si on fait payer à ceux qui n’ont pas d’argent et pas ceux qui en ont, on n’est pas crédible en Europe", a-t-il déclaré à l’AFP.
Des défilés ont eu lieu dans une centaine de villes de la péninsule, avec notamment 10.000 manifestants à Florence et 15.000 à Gênes. L’appel à la grève, qui a duré huit heures, soit une journée de travail, a provoqué des perturbations dans de nombreux secteurs, en particulier dans les transports. Quelque 200 vols ont été annulés dans les aéroports de Rome et Milan, et 36 à l’aéroport de Naples. 50% des trains ont été supprimés. Selon la CGIL, le taux d’adhésion à la grève dans le secteur des transports était de 70%.
Un mouvement qui a également touché le secteur touristique – des militants de la CGIL ont réussi à déployer une banderole sur le Colisée : "Ils protègent les riches, ils bradent l’Italie. Arrêtons-les" –, les hôpitaux, la Poste ou encore l’industrie automobile. Alors que d’autres journées d’action sont annoncées, le gouvernement va devoir composer avec cette grogne tout en imposant l’austérité réclamée par les marchés financiers.