La proportion d’enfants dépassant le seuil de déclaration obligatoire de saturnisme (50 microgrammes de plomb par litre de sang) reste en effet "légèrement plus faible" que la moyenne nationale mesurée lors d’une enquête en 2009, selon l’analyse réalisée par la cellule régionale de Santé publique France.
Que ces cas soient liés à l’incendie de Notre-Dame ou non, la campagne de dépistage auprès des enfants parisiens a eu le mérite de "remettre d’actualité la nécessaire vigilance" face aux dangers du plomb, a déclaré à l’AFP Aurélien Rousseau, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France.
L’incendie de Notre-Dame le 15 avril avait fait fondre plusieurs centaines de tonnes de plomb se trouvant dans la charpente du monument gothique, faisant craindre que les poussières de ce métal toxique ne contaminent les personnes habitant et travaillant à proximité.
Des prélèvements à des niveaux trop élevés dans certaines écoles ont conduit l’ARS d’Ile-de-France à recommander le dépistage des enfants, particulièrement vulnérables aux effets de ce métal dans l’organisme.
Au 31 août, 398 plombémies ont été réalisées, mettant en évidence 34 cas au-dessus du "seuil de vigilance", fixé à 25 µg/l, et trois cas (déjà annoncés) légèrement au-dessus de 50 µg/l. Pour deux d’entre eux, une source de contamination au domicile a été identifiée, sans lien avec l’incendie.
La proportion de plombémies au-dessus du seuil de 50 µg/l est ainsi de 0,8%, "légèrement plus faible que celle mesurée dans l’étude Saturn-Inf en 2009", qui était "de 1,7% en France métropolitaine".
Depuis la rentrée scolaire, le nombre de plombémies réalisées s’est nettement accéléré, avec déjà près de 350 analyses en dix jours dans les quatre arrondissements concernés, a souligné l’ARS.
Sur ces dernières, "trois nouveaux cas de dépassement ont été identifiés", pour lesquels les enquêtes sont en cours, mais ceux-ci "ne modifient pas les conclusions globales".
– Pollution plus ancienne ? –
C’est une conclusion rassurante mais encore "provisoire", qu’il faut "prendre avec prudence", a souligné Aurélien Rousseau, assurant qu’il n’était "pas question pour l’ARS de relativiser ou de minimiser la situation".
L’autorité sanitaire a par ailleurs expliqué que le laboratoire de recherche des monuments historiques menait des travaux pour tenter d’établir la "carte d’identité" chimique du plomb de Notre-Dame.
Ces recherches pourraient permettre d’"identifier si les poussières de plomb" prélevées sur la voirie "sont issues de la combustion de la cathédrale" ou de pollutions plus anciennes (revêtement des toitures, ferronneries des balcons, héritage du plomb contenu dans l’essence jusqu’en 2000…).
"Aujourd’hui on ne sait pas dire quelle est la contribution de Notre-Dame de Paris à cette situation: on la pense assez forte à proximité immédiate de la cathédrale, mais quand on s’éloigne, on la pense assez différente", a expliqué Aurélien Rousseau.
L’agence sanitaire Anses a été chargée d’évaluer la réalité et l’impact de cette pollution antérieure à l’incendie.
Par ailleurs, dans quelques écoles, les analyses menées à l’occasion de l’incendie ont mis en évidence des sources de pollution qui avaient déjà été identifiées dans de précédents rapports, mais pas traitées (peintures anciennes dégradées, grilles, bancs, etc.).
"Si on refait l’exercice d’aller vérifier" dans des écoles d’autres arrondissements ou hors de Paris, "il est probable qu’on en trouve" aussi, a reconnu le patron de l’ARS. "C’est ce chantier qu’on ouvre" désormais, a-t-il ajouté.
Tous les "gestionnaires" d’équipements "accueillant des publics sensibles" doivent s’assurer du respect des normes et recommandations sanitaires concernant l’exposition au plomb, a tenu à rappeler l’ARS.