Medias et hommes politiques lui sont tombés à bras raccourci. Son cas fut traité avec la délicatesse de circonstance. Son portrait de "salonnard" qui bave sur les autres pour mieux se distinguer fut accroché dans tous les journaux, son statut de membre d’une caste de privilégié fut disséqué.
Professeur universitaire à l’emploi presque fictif, homme de grands ménages juteux, rien n’était laissé de côté dans la carrière de cet homme qui, au nom d’une tendance morbide au Gossip, voulait briser ce qu’il appelle "l’Omerta" des politiques et des journalistes.
Mais Luc Ferry était à mille lieux de penser que sa sortie sur les supposées pratiques pédophiles d’un ancien ministre français au Maroc allait provoquer un tollé et une grande indignation dans ce pays. Le choc fut à la fois sourd et rude. La réaction marocaine aux propos de Luc Ferry fut composée de deux niveaux. Le premier fut d’abord l’oeuvre des journalistes. De nombreuses plumes ont pointé la carence et le déficit qu’il y avait à ne pas répondre à cette accusation et à ne pas accompagner l’action judiciaire française qui consistait à demander à Luc Ferry des informations concrètes et juridiquement exploitable. Les interrogations de la presse marocains pointaient cette évidente concomitance: Si Luc Ferry affirme que cette affaire était connue au plus haut sommet de l’Etat et donc couverte par un silence, cela impliquait automatiquement qu’une partie de l’appareil au Maroc était dans la confidence. Invitation lui a été lancée au nom de la transparence de livrer ses "vérités cachées " qu’insinue Luc Ferry.
Le seconde niveau de la réponse marocaine fut judiciaire. Lors de son récent passage à Paris, le porte parole du gouvernement marocain Khalid Naciri, et malgré l’insistance des journalistes, avait évité de se prononcer sur le fond de cette affaire considérant qu’à la base, il s’agissait d’une affaire franco-française même s’il avait montré une réelle préoccupation à défendre la petite enfance au Maroc. L’évolution aujourd’hui est que le gouvernement marocain décide d’ouvrir une enquête pour collecter le maximum d’informations sur cette question.
Et c’est la ministre marocaine de développement social, de la famille et de la solidarité Nouzha Skalli qui avait fait l’annonce et la motivation:" Notre pays n’a aucune forme de complaisance à l’égard de ce que l’on pourrait appeler le tourisme sexuel. Les propos de Luc Ferry ont provoqué une vive émotion dans notre pays. Il est donc normal que le gouvernement ouvre une enquête. La justice va faire son travail» Et comme pour souligner qu’il ne s’agissait nullement d’une formalité de circonstance , Nouzha Sakalli marque la détermination du gouvernement :«Nous attendons les résultats de l’enquête et il n’y aura aucune tolérance à ce niveau».
Parallèlement à cette annonce gouvernementale susceptible de relancer cette affaire en France, une association de lutte contre la pédophile "Touche pas à on enfant" décide de porter plainte au Maroc et en France pour alimenter l’action juriste destinée à faire la lumière sur les propos accusateurs de Luc Ferry.
La décision marocaine de réagir et d’être partie prenante dans cette poursuite judiciaire peut être motivée par plusieurs facteurs. Le premier est sans doute celui de dénoncer le cliché salissant lancé par Luc Ferry et qui ferait du Maroc un territoire de tourisme sexuel Si Luc Ferry s’était abstenu de citer le nom du ministre en question de peur d’être poursuivi et condamné pour diffamation, il aurait du faire de même par rapport au pays censé avoir abrité ses actes.
Le second facteur est celui du silence complice. Luc Ferry accuse les plus hautes autorités de l’Etat français, notamment le premier ministre de l’époque d’avoir été au courant de ces affaires de pédophilie et insinue qu’il les avait couvertes. Si tel était le cas, il aurait été impossible sans complicités locales. D’ou la nécessité d’une enquête pour faire la lumière sur les zones grises de cette affaire.