La France doit accompagner et soutenir les peuples arabes qui ont choisi d’être libres (Sarkozy)
La France devra « accompagner, soutenir et aider » les peuples arabes qui ont choisi d’être libres afin que « l’espérance qui vient de naître » des révolutions arabes « ne meure pas », a affirmé dimanche soir le président Nicolas Sarkozy.
Il a qualifié la situation en cours dans plusieurs pays arabes d’"immense bouleversement" et de "changement historique" dont "il ne faut pas avoir peur". Il porte en lui une "formidable espérance car il s’est accompli au nom des valeurs qui nous sont les plus chères, celles des droits de l’Homme et de la démocratie", a-t-il souligné. "Pour la première fois dans l’histoire, elles peuvent triompher sur toutes les rives de la Méditerranée. Nous ne devons avoir qu’un seul but: accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d’être libres", a-t-il souligné.
"Entre l’ingérence qui ne serait pas acceptée et l’indifférence qui serait une faute morale et stratégique, il nous faut tout faire pour que l’espérance qui vient de naître ne meure pas car le sort de ces mouvements est encore incertain", a relevé le président Sarkozy avant d’appeler toutes les bonnes volontés à s’unir pour les faire réussir". Sinon, ils peuvent "sombrer dans la violence et déboucher sur des dictatures pires encore que les précédentes" avec des conséquences sur "des flux migratoires devenus incontrôlables et sur le terrorisme. C’est toute l’Europe alors qui serait en première ligne", a-t-il dit.
Pour cette raison, la France et l’Europe ont le "devoir d’agir avec une ambition qui soit à la dimension des événements historiques que nous vivons". Il a notamment mis l’accent sur la nécessité pour l’Europe de se doter "sans tarder de nouveaux outils pour promouvoir l’éducation et la formation de la jeunesse de ces pays du Sud de la Méditerranée, imaginer une politique économique et commerciale pour favoriser la croissance de ces jeunes démocraties qui veulent naître".
Evoquant la Libye, il a appelé l’Europe à adopter une "stratégie commune face à la crise libyenne dont les conséquences pourraient être très lourdes pour la stabilité de toute la région". Il a par ailleurs appelé à "refonder l’Union pour la Méditerranée" qu’il co-présidait depuis son lancement en 2008 avec le président égyptien Hosni Moubarak qui a quitté le pouvoir sous la pression de la rue. "Le moment est venu, a-t-il dit, de refonder cette Union à la lumière des événements considérables que nous vivons. La France fera des propositions en ce sens à ses partenaires".
Cette allocution complètement consacrée à la politique étrangère de la France en direction du monde arabe est interprétée par les commentateurs français, comme une tentative de reprendre l’initiative en direction des opinions de ces pays.
Cette reprise en mains pour "réorganiser notre diplomatie", selon les termes de M. Sarkozy, par la nomination d’un poids lourd du gouvernement et ancien ministre des Affaires étrangères réputé chevronné, M. Alain Juppé, intervient à un moment où les critiques s’accumulaient en France.
Plus d’une voix dans la classe politique, les médias et au sein même de l’appareil diplomatique français, s’est élevée ces dernières semaines contre "l’absence de la voix de la France", "la perte de cap" et la fin de "la politique arabe de la France" conjuguées au comportement très critiqué, au sujet de la Tunisie, de la ministre des Affaires étrangères sortante.