El Azami : l’emploi et la solidarité sociale, deux grands piliers de la loi des finances marocaine de 2012
La Chambre des représentants vient d’adopter le projet de loi des finances 2012 qui consolide, selon la majorité gouvernante, la croissance intérieure et encourage les investissements tout en développant les mécanismes de solidarité et de protection sociale.
M. Driss El Azami, ministre délégué en charge du Budget, détaille dans cette interview qu’il a accordée à Atlasinfo.fr les grandes lignes de cette loi axée sur l’emploi, la solidarité sociale, la promotion de la croissance et le renforcement de l’investissement et du pouvoir d’achat des citoyens…
Driss El Azami : La loi des finances 2012 prévoit 26.204 postes au cours de cette année, répartis entre les différents ministères. Ce nombre d’emplois ‘’exceptionnel’’, témoigne de la volonté du gouvernement à donner, une connotation sociale spécifique à cette loi des finances. Mais la problématique du chômage ne pourrait être résolue par le seul emploi public. Le secteur privé à un rôle déterminant dans la promotion de la croissance et de l’emploi et c’est pour cette raison qu’une enveloppe d’un milliard de dirhams sera débloquée pour encourager l’embauche en prenant en charge des diplômés chômeurs qui percevront des primes de stages ou des primes de formation leur permettant une meilleure insertion dans l’environnement économique. Si ces stages ou formations sont concluants, ils seront couronnés par un contrat d’embauche. La loi comprend également une revalorisation des bourses qui sera de 200 dirhams par mois pour les étudiants du premier cycle universitaire et de 300 dirhams pour l’après-licence.
Mais ce sont les départements de l’Intérieur et de l’Education nationale qui se taillent la part du lion avec respectivement 8.880 et 7.200 postes d’emplois.
-Environ 50 % des postes sont alloués certes aux secteurs de sécurité, et aux secteurs sociaux (Education nationale, santé..). Et nous comptons dans le cadre de la loi des finances, renforcer les ressources budgétaires du fond de l’emploi au niveau du secteur privé par la mise en place d’un certain nombres de mécanisme, dont la prise en charge par l’Etat des primes de stage, des primes d’insertion professionnelle des diplômés chômeurs, et par la suite, la prise en charge par l’Etat des charges sociales au niveau de la première année d’embauche.
Vous vous êtes engagés lors de la campagne électorale au sein de PJD, pour une action forte en faveur de la solidarité sociale. Qu’en est-il dans les faits ?
-Le gouvernement a fait de l’emploi et de la solidarité sociale, deux grands piliers de la loi des finances 2012. Et c’est pour cela qu’on a prévu dans le cadre de cette loi, la mise en place d’un fonds de soutien à la solidarité sociale. Ce fonds qui sera financé par une contribution obligatoire des sociétés dont les bénéfices dépassent les 20 millions de dirhams, est destiné à la généralisation du système médical qui touchera plusieurs centaines de milliers de personnes, notamment les handicapés et les femmes veuves.
Ce fonds est-il lié à la hausse des impôts contenue dans la loi des Finances ?
– Il faut d’abord rappeler que la hausse que vous évoquez, n’est pas généralisée. Elle porte sur des cas bien précis comme, à titre d’exemple, la taxe spéciale annuelle sur les voitures. Seuls les véhicules dont la puissance fiscale dépasse 11 chevaux sont concernés. Il s’agit de seulement 50.000 voitures sur un parc de près de 2 millions. Le but est de réduire les engagements de la Caisse de compensation qui profitent généralement aux catégories aisées. Pour rappel, la réforme de ce système qui est en cours, vise à dégager des marges pouvant être affectées au soutien des populations démunies. Aujourd’hui, la Caisse est dans la tourmente, et certains experts, parmi les pessimistes, estiment que, pour 2012, le système devrait supporter près de 80 milliards DH, à la suite, notamment, de la hausse des prix du pétrole et de celles des denrées alimentaires.
-L’Europe est plongée dans une crise grave L’économie marocaine doit souffrir des retombées de cette crise ?.
-Le gouvernement est conscient des effets négatifs de l’activité économique en Europe, notamment sur la demande européenne adressée au Maroc. Mais pour faire face à la situation, l’économie marocaine dispose de nombreux atouts, notamment la demande intérieure qui pèse pour à peu prés 60% dans la formation du produit intérieur brut. Et c’est pour cette raison que nous avons axé notre intervention, dans le cadre du projet de loi de finance 2012, sur la stimulation de la demande intérieure, à travers deux axes fondamentaux : le premier consiste au renforcement de l’investissement, avec un budget qui passera de 167 milliards de DH en 2011, à 188 milliards cette année, soit une enveloppe additionnelle de 21 milliards par rapport à 2011, qui est axé sur les infrastructures socio-économique touchant l’environnement de l’investissement dans son ensemble.
Le second se rapporte essentiellement au renforcement du pouvoir d’achat des citoyens pour la stimulation de la demande d’intérieur. Ce projet intègre les engagements du dialogue social évalués à 13,2 milliards de DH, dont la revalorisation des salaires de 600 DH qui nécessite 8,7 milliards de DH et les pensions minimales qui vont passer de 600 à 1.000 DH, et ce en dépit du contexte national et international difficile.
Toutes ces dépenses pour le seul but de stimuler la demande intérieure.. ?
– Stimuler la demande intérieure, mais également renforcer la confiance des citoyens avec des multitudes de volets sociaux comme la mise en place des fonds de soutien en renforcement de la cohésion sociale, la généralisation du régime médical pour les personnes les plus démunies, l’insertion professionnelle et économique des handicapés, et aussi la lutte contre la déperdition scolaire avec une aide directe aux populations rurales pour qu’ils maintiennent leurs enfants à l’école.
Et qu’en est-il de l’ouverture de l’économie marocaine sur d’autres marchés non européens?
– Je pense que l’Afrique est un exemple de réussite pour les entreprises marocaines. Nous avons déjà des entreprises qui commencent à s’affirmer en Afrique. Certaines même ont gagné plusieurs marchés dans le continent à l’image de Maroc Telecom. L’Afrique est un marché porteur et diversifié et nous comptons sur cette diversification, et sur les bonnes relations qu’entretient le Maroc avec le continent pour consolider notre coopération économique avec l’ensemble des Etats qui le composent. Nous avons l’expérience de ‘’la caravane d’exportation’’ en Afrique qui a été initiée par l’ancien gouvernement et qui sera maintenue, renforcée et réévaluée pour, encore une fois, renforcer cette coopération commerciale vitale avec l’Afrique.