M. Hollande, 57 ans, vierge de toute expérience gouvernementale, se présentait pour la première fois à une élection présidentielle contre le président de droite Sarkozy, dont le premier mandat de cinq ans arrivera à échéance le 15 mai prochain.
Il aura réussi à relever le défi de son camp et à faire revivre les aspirations de la gauche en se hissant à la magistrature suprême, là où son ex-campagne et mère de ses enfants, Ségolène Royal, avait perdu en 2007 face à Nicolas Sarkozy.
Le candidat qui a défendu les couleurs du Parti socialiste (PS-opposition) avant d’engranger le soutien des autres candidats de la gauche et des verts éliminés au premier tour, devient ainsi le 7ème chef d’état de l’histoire de la Vème République, le système politique instauré en 1958 et le deuxième d’obédience socialiste.
La France avait confié son destin national, pour la première fois en mai 1981 à un président socialiste, François Mitterrand, qui réussira à se faire réélire pour un second mandat de sept ans jusqu’à 1995.
Les Français ont décidé de ne pas renouveler leur confiance au président sortant Sarkozy, l’un des rares chefs d’état de son pays à n’exercer qu’un seul mandat, sanctionnant autant la personne impopulaire, son style autant que sa politique économique et sociale dans un contexte de crise marquée par le creusement des déficits publics, l’aggravation du chô mage et l’austérité, et dans un contexte européen menacé par la crise de la dette et de l’euro.
Handicapé par son bilan, et en dépit des sondages qui le donnaient perdant depuis le début de la campagne, il aura bataillé jusqu’au bout, croyant à sa réélection, en essayant en vain de rmeporter en sa faveur l’électorat d’extrême droite qu’il aura courtisé en reprenant les thèmes décriés, y compris dans son camp, sur l’immigration, les frontières et l’Islam.
François Hollande a engrangé le succès grâce à une stratégie en rupture totale avec l’image du président sortant, tablant sur le "changement, c’est maintenant" , promettant d’être "un président normal" face à l’"omniprésident" sortant, "rassembleur" face à un adversaire qui aurait divisé les Français, chantre de la croissance et de l’espoir pour les jeunes.
Mais le président élu sait que "les problèmes du pays ne vont pas disparaître avec le départ de Nicolas Sarkozy. Il ne va pas emmener avec lui la dette publique, le chômage, les urgences sociales, je vois bien ce qui m’est demandé", comme il l’avait assuré lors de son dernier meeting de campagne.
Cette élection met fin à dix ans de pouvoir absolu de la droite, tant au niveau de la présidence de la république qu’au niveau parlementaire où le président battu bénéficiait d’une majorité absolue.
Durant un quinquennat où la cote de popularité de Sarkozy n’avait fait que dégringoler, la gauche et sa principale force d’opposition, le Parti socialiste, a repris du terrain gagnant pratiquement toutes les élections intermédiaires (cantonales, régionales) avant de devenir majoritaire, pour la première fois de l’histoire de cette institution, au Sénat (chambre haute du Parlement).
Reste pour elle, maintenant, à transformer l’essai en mettant à profit la victoire de Hollande, pour gagner les élections législatives de juin prochain afin de gouverner à l’aise avec une confortable majorité à l’assemblée nationale.
En vue de cette échéance, le parti UMP du président battu, déjà affaibli par le virage brutal pris par son candidat vers l’extrême droite et par des dissensions internes, aura beaucoup de difficultés à se relever de cette mauvaise passe, d’autant que la bataille des législatives l’attend dans la foulée de la présidentielle, selon les politologues.
Cette formation de droite, handicapée par la défaite de son champion aura fort à faire sur sa droite, vu le score très élevé du parti d’extrême droite, le Front National (FN) dont la candidate Marine le Pen compte sur ses 6,5 millions de voix au premier tour du scrutin présidentiel pour mettre un pied au Parlement, où elle n’a jusqu’à présent aucun député.
La décision du centriste François Bayrou, traditionnellement allié de la droite, de voter pour Hollande complique encore la donne pour l’UMP.
Autre handicap pour la droite, le score du candidat du Front de gauche (11 pour cent des voix), Jean-Luc Mélenchon, qui a rallié la candidature du socialiste Hollande et parie sur des accords électoraux pour l’élection de députés sous l’étiquette de son parti et de son allié, le Parti communiste.