25 ans après sa mort, Mitterrand demeure une « référence » à gauche

Vingt-cinq ans après sa mort, François Mitterrand, qui avait ramené la gauche au pouvoir en 1981, demeure une « référence » pour les socialistes toujours embarqués dans une difficile quête d’unité dans la perspective de la présidentielle de 2022.

Vendredi, de nombreuses personnalités se rendront comme chaque année sur la tombe de l’ancien président (1981-1995), à Jarnac, cette petite ville de Charente où il était né en 1916. Pour la première fois, Emmanuel Macron sera présent. L’ex-président François Hollande, qui fait le déplacement quasiment tous les ans, sera là également.

Personnage clé du socialisme de la seconde partie du XXe siècle, Mitterrand, qui avait refondé le PS en 1971 au congrès d’Epinay, suscite toujours chez les socialistes et leurs alliés interrogés par l’AFP admiration et reconnaissance pour avoir su montrer que la victoire était possible, « à condition de se rassembler ».

Au-delà de la nostalgie des « belles années Mitterrand », selon Julien Dray, de la reconnaissance due à celui qui inscrivit « dans l’ADN du PS l’union de la gauche et l’alternance », selon Jean-Christophe Cambadélis, pointe parfois « la déception ». « Il y a deux Mitterrand, celui de 1981 et ses grandes avancées, et celui de 1983, et le tournant de la rigueur, avec la mise en place d’une politique d’austérité », regrette Fabien Roussel numéro un du PCF.

 

« Le talisman de l’union »

 

« La grande force de Mitterrand, c’est d’avoir montré que la gauche pouvait gagner, à une condition: l’unité », insiste M. Dray. Même à l’heure où écologistes et Insoumis jouent chacun leur propre carte pour 2022, « la recette n’est pas périmée », soutient l’ex-député PS.

« De Mitterrand, il reste les réformes: abolition de la peine de mort, décentralisation, libération de l’audio-visuel, lois sur les conquêtes sociales, 39 heures, retraite à 60 ans, 5e semaine de congés payés… », rappelle François Hollande, deuxième président issu de la gauche à accéder à l’Elysée sous la Ve République. « Le mitterrandisme est une référence » car « Mitterrand portait, comme il le disait, +le talisman+ de l’union. Sans elle, pas d’alternance possible ».

« On parle encore aujourd’hui de l’exception culturelle française! », s’exclame Jack Lang, qui fut le seul ministre de la Culture de Mitterrand (hors cohabitation). Fier de rappeler le « doublement dès 1981 du budget de la Culture », l’actuel président de l’Institut du monde arabe assure qu’en matière de culture, en France, « il y a de beaux restes: la Fête de la musique, devenue mondiale, le Grand Louvre et ses pyramides, le prix unique du livre… »

Aux yeux de Ségolène Royal aussi, « la leçon de François Mitterrand est plus que jamais d’actualité: il faut continuer le combat politique pour faire face aux aggravations des inégalités », dues aux crises sanitaire, économique et sociale.

La génération suivante reconnaît, à l’instar de l’actuel premier secrétaire du PS, Olivier Faure, né en 1968, que « l’héritage de Mitterrand est colossal ». « Il est l’homme de la renaissance » mais « il ne faut pas chercher à vivre dans le souvenir de Mitterrand. Un cycle s’achève, il faut en ouvrir un nouveau, avec les questions écologiques, les grandes mutations numériques ou migratoires ».

 

 « Exceptionnel »

A droite aussi, la personnalité de Mitterrand force parfois le respect. Si Henri Guaino, ex-conseiller spécial de l’ex-président Nicolas Sarkozy, ne voit « rien » de ce qu’il reste de lui (« sinon la suppression de la peine de mort »), Gérard Longuet, ministre sous chacune des deux cohabitations (1986-1988 puis 1993-1995), considère que « l’homme était exceptionnel ». « C’était un personnage de littérature. Mais sa politique économique et sociale a été une catastrophe ».

Un sujet semble faire la quasi-unanimité à gauche et à droite: la politique européenne de Mitterrand. « Il a fait le choix de Maastricht », se félicitent aussi bien Longuet que Cambadélis. Le président Macron a également rendu hommage, dans L’Express en décembre, à « la grande intuition » de Mitterrand pour avoir tenté de « dépasser le doute existentiel en nous par le rêve européen ».

Aux yeux de l’historien Michel Winock, la politique européenne de Mitterrand est même ce qu’il y a « de plus historique » dans son Å“uvre. Mais « comme chef des socialistes, il n’a pas su ou pas voulu » faire du PS « un grand parti social-démocrate, au-delà des divisions et des héritages idéologiques qui mutilent, encore aujourd’hui, si profondément la gauche ».

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