Tunisie: des journalistes protestent contre l’amendement de la loi encadrant l’audiovisuel
Des journalistes ont manifesté mardi devant le Parlement tunisien pour protester contre une proposition d’amendement du décret-loi réglementant l’audiovisuel en Tunisie, qu’ils considèrent comme « une menace ».
Des journalistes ont manifesté mardi devant le Parlement tunisien pour protester contre une proposition d’amendement du décret-loi réglementant l’audiovisuel en Tunisie, qu’ils considèrent comme « une menace ».
« Médias libres, journaliste indépendant », « la révision du (décret-loi) 116″ ne passera pas » ou encore « aucun amendement » et « la liberté de la presse est une ligne rouge », ont scandé des centaines de manifestants rassemblés à Tunis, a constaté un correspondant de l’AFP.
Mardi, les députés devaient débattre et procéder au vote sur une proposition d’amendements au décret-loi 116, qui réglemente le secteur des médias et a été approuvé à la suite de la révolution de 2011 ayant renversé le régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali.
La coalition Al Karama (islamiste) a présenté en mai trois amendements, proposant notamment que les « créations de chaînes de télévision et de radio par satellite ne soient soumises à aucune autorisation » préalable de la Haica, instance indépendante de régulation de l’audiovisuel.
Le chef du syndicat des journalistes, Mohamed Yassine Jlassi, a indiqué aux médias que ces amendements « menaçaient la scène médiatique tunisienne, ils ne servent que les propriétaires d’institutions interdites (…) et légitiment le chaos ».
Selon des observateurs et organisations de la société civile, la liberté d’expression est l’acquis le plus important depuis la révolution.
Le Syndicat des journalistes avait dénoncé lundi ces amendements, estimant qu’ils « ouvrent la porte l’argent corrompu et suspect, qui pénétrera davantage la scène audiovisuelle, gâchera la vie publique et enfreindra les règles de la concurrence loyale et les principes de transparence et de démocratie ».
Le chef de la Haica, Nouri Lajmi, a déclaré à l’AFP que cette proposition d’amendements servait « des agendas politiques, car il existe des chaînes qui diffusent illégalement et bénéficient du soutien politique de partis tels que Qalb Tounes et Ennahda, et bénéficieront des amendements ».
La Haica considère la chaîne Nessma fondée par Nabil Karoui, chef du parti Qalb Tounes et Zitouna TV, proche du parti d’inspiration islamiste Ennahda, comme illégaux.
D’après M. Lajmi, « si les amendements sont approuvés, ce sera un désastre pour le processus démocratique et pour la liberté d’expression dans le pays ».
Dans un communiqué conjoint, de nombreuses ONG ont également fustigé une proposition d’amendement qui « sapera l’indépendance » de la Haica, et « servira des acteurs politiques particuliers et des lobbys financiers qui sont contre une régulation indépendante et cherchent à dominer les médias audiovisuels ».