Rabat, ville sans enfant de la rue : le Maroc veut protéger ses mineurs

Narjis Rerhaye (A Rabat)

C’est à Marrakech que le tocsin de la mobilisation a été sonné pour que soit rendue leur dignité aux enfants de la rue du continent africain. Ceux du Maroc ne sont ni oubliés ni occultés. « Rabat : ville sans enfant en situation de rue » est le projet national pilote été lancé samedi 24 novembre à Marrakech, par la Princesse Lalla Meryem, en marge du Sommet Africités.

A l’Observatoire national des droits de l’enfant que préside la sœur du Roi Mohammed VI, l’objectif est clairement affiché : intégrer la question de l’enfance dans la politique urbaine gouvernance, les programmes et plans de développement des villes et des territoires locaux et éradiquer le phénomène des enfants en situations de rue.

#JeNeSuisPasInvisible. Lancée depuis Marrakech, la campagne continentale a pour ambition de voir baisser d’au moins 25% le nombre d’enfants de la rue en Afrique. Le continent fait un rêve. Celui de voir des milliers d’enfants dormir dans les rues, livrés à eux-mêmes, marginalisés et sans droits. « Protéger et réintégrer ces enfants en situation de rue sont les principaux axes de la campagne. Des engagements ont été pris dans ce sens. Des protocoles d’entente ont été signés en marge de ce 8ème sommet d’Africités avec les présidents des conseils des villes et des collectivités territoriales d’Afrique. Des kits villes protectrices de ses enfants seront remis aux villes africaines qui adhèrent à ce grand projet qui fait le pari de se réconcilier avec ses enfants errant dans les rues », explique une source proche de l’Observatoire national des droits de l’ enfant, ONDE.

Au Maroc, il est encore difficile de connaître avec exactitude le nombre des enfants en situation de rue. En 2015, l’ONDE les estimait à 25 000 dont un quart à Casablanca. Présenter des statistiques précises sur les enfants en situation de rue au Maroc est difficile. Les données sont rares et différentes en fonction des sources : 14 000 à 30 000, voire davantage, majoritairement des garçons. Outre les difficultés de quantification, nous pouvons nous interroger sur la volonté de communiquer sur ce nombre. Le seul consensus qui existe concerne leur constante progression dans les grandes villes du pays Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès et particulièrement Tanger particulièrement » indique la chercheure Nathalie Pantaléon dans une communication devant le centre Jacques Berque à Rabat.

Selon la presse marocaine, Tanger et Casablanca sont principalement les deux villes où échouent ces enfants et adolescents qui dans leur immense majorité sont de sexe masculin.

En avril dernier, le quotidien français Le Monde a consacré un reportage aux mineurs marocains sans domicile fixe qui errent dans Tanger avec le secret espoir de se retrouver un jour de l’autre côté de la Méditerranée. Drogue, larcins, petits métiers, ces gosses tentent de survivre en attendant le Sans domicile fixe, ils dorment à la belle étoile, s’adonnent à la drogue et aux petits métiers et larcins, en attendant le grand départ et la dangereuse traversée pour rejoindre un hypothétique eldorado.

A Marrakech, les villes africaines ont fait le vœu de ne plus détourner le regard des enfants des rues et d’écouter ce cri du cœur selon lequel ils ne sont pas invisibles. Un label « Villes dignes de ses enfants" ainsi que le Prix Lalla Meryem seront décernés aux villes qui auront appris non seulement à regarder ces enfants livrés à la rue mais à éradiquer ce fléau en rendant leur dignité à ces gosses.

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