Présentation à Rabat du livre « Maroc-Algérie : la méfiance réciproque » de Taieb Dekkar

« Maroc-Algérie : la méfiance réciproque » est l’intitulé du livre que le journaliste Taieb Dekkar a présenté mercredi à la Bibliothèque nationale à Rabat.

A travers cet ouvrage, paru en 2013 aux éditions l’Harmattan, l’auteur, ancien directeur du bureau de l’Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) à Alger, décrit habilement la situation politique, économique et sociale en Algérie à la fin des années 80, au début des années 90, puis au début des années 2000, une période qui oscillait entre ouverture et coups portés au processus démocratique.

L’ouvrage présente aussi l’état et l’évolution des relations maroco-algériennes. L’auteur insiste à souligner que son approche n’est ni celle d’un juriste ou de l’historien, mais d’un journaliste .

Les relations entre Rabat et Alger sont en effet l’un des sujets phares de l’ouvrage, et que l’auteur, un fin connaisseur des liens entre les deux voisins, décortique soigneusement. L’auteur avance une proposition à la fois audacieuse et ambitieuse pour venir à bout de tous les obstacles qui entravent leur épanouissement. "Je préconise, écrit-il, une démarche fédéraliste à l’allemande, l’autonomie régionale pour notamment bien prendre en charge les revendications identitaires locales, des élections simultanées dans l’ensemble du Maghreb, le transfert de l’ensemble des pouvoirs aux régions, la mise en place de structures fédérales pour la gestion d’une politique étrangère et de défense commune ainsi que des politiques monétaires et de télécommunications".

L’ancien directeur de l’information de l’agence soutient que si elle est utopique, elle demeure néanmoins "réalisable sur le long terme".

"Les deux pays sont condamnés à s’unir aujourd’hui ou dans deux siècles", ajoute-t-il, faisant observer que la clef de l’union réside en la "démocratisation de la société maghrébine et le respect des droits de l’Homme".

Les participants à cette présentation ont estimé quei cette proposition reste très difficile à mettre en œuvre dans l’immédiat ou même dans un futur proche, elle a le mérite d’être ambitieuse et soulèvera un débat intéressant au Maroc et éventuellement en Algérie.

L’auteur, qui avait servi à Alger sur deux temps (1989-1995 et 2003-2006), fait aussi la comparaison entre la situation dans les deux périodes. Si sur le volet économique les choses semblaient avoir réalisé des avancées, notamment sur le côté des infrastructures, "sur le plan politique, la situation semblait bloquée. Fini l’effervescence des années quatre-vingt-dix, y compris dans le secteur de la presse, qui avait relativement changé de tonalité. L’engouement manifesté, à cette époque, à l’égard de la presse indépendante, s’était quelque peu estompé".

Pour le modérateur de cette rencontre, le journaliste et intellectuel Abdellah Stouky, l’ouvrage de M. Dekkar constitue "une initiative courageuse, prometteuse et pionnière" qui pourrait "faire bouger les choses".

De son côté, l’ancien président du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CNDH) , Ahmed Herzenni, soutient que "le principal mérite d’un tel ouvrage, qui est l’œuvre d’un journaliste qui a suivi au quotidien la situation en Algérie, c’est d’approvisionner le lecteur en éléments d’information qui permettront de se construire une opinion sur l’avenir des relations entre les deux pays".

En effet, l’auteur indique que, outre la situation politique et sociale de l’Algérie, et l’évolution des relations bilatérales, l’ouvrage apporte aussi un regard sur "quelques incidents bilatéraux, d’une certaine gravité, qui ne sont pas parvenus à l’attention du grand public".

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