Dès l’annonce de sa nomination à la tête de la diplomatie française, Stéphane Séjourné a provoqué une forme de buzz en France mais aussi au Maroc presque aussi puissant que celui qui avait accompagné l’entrée de Rachida Dati au gouvernement. La désignation de ce macroniste de la première heure, réputé très proche du président Emmanuel Macron, a fait grincer des dents de l’autre côté de la Méditerranée.
Le nom de Stéphane Séjourné, 38 ans, n’est pas inconnu pour les Marocains et la diplomatie marocaine. Il avait incarné pendant de long mois l’homme qui menait une campagne très engagée contre le Maroc au sein du Parlement européen en tant que président du groupe Renew, au moment où les relations entre Rabat et Paris connaissaient une dégradation sans précèdent.
Il se murmure que c’est à lui et à son activisme subitement débordant qu’on doit l’élaboration et le vote le 19 janvier 2023 d’une résolution par le Parlement européen, certes non contraignante, mais très critique à l’égard du Maroc. Dans la foulée, l’eurodéputé a été en revanche à l’origine du retrait d’un projet de résolution condamnant les atteintes à la liberté de presse en Algérie.
Alors que de multiples signaux présagent d’un réchauffement de l’axe Rabat/Paris, certains craignent qu’avec le choix de Stéphane Séjourné, le rétablissement de relations normales entre les deux pays pourrait prendre plus de temps que prévu. Ou le contraire pour d’autres ! La nomination de Stéphane séjourné pourrait être une raison d’opérer une grande clarification et offrirait l’occasion de crever les abcès et de permettre au nouveau locataire du quai d’Orsay de sortir de cette ambiguïté dans sa relation avec le Royaume.
Signe que le nouveau chef de la diplomatie française pourrait rectifier le tir avec le Maroc, il avait exprimé, selon nos informations, la volonté de se rendre au Maroc en tant que patron du parti Renaissance. Le déplacement ne s’est pas fait mais la volonté de se rabibocher y était.
Si on rajoute à cela les multiples indicateurs de rapprochement entre Rabat et Paris comme l’avaient indiqué la nomination d’une ambassadrice du Maroc en France, Samira Sitaïl, les visites des ministres de l’Economie, de l’Agriculture et du directeur général de l’AFD au Maroc, ainsi que les rencontres sécuritaires au plus haut niveau entre Abdellatif Hammouchi, patron du rôle DGSN-DGST, et Frédéric Veaux, patron de la police nationale française, suivie le 15 du mois de celle de M. Hammouchi avec Nicolas Lerner, alors directeur général de la Sécurité intérieure française (DGSI), nommé depuis à la tête de direction générale de la sécurité extérieure (DGSE),
les conditions sont sans doute réunies pour opérer un vrai « reset » de la relation entre la France et le Royaume et la relancer sur de nouvelles bases. D’autant que la France, qui s’apprête à organiser les jeux Olympiques de Paris en juillet prochain, a fait appel à la grande expertise, à l’efficacité et au savoir-faire du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et les organisations criminelles.
Mêmes si la politique étrangère relève de l’Elysée qui donne ses directives au ministre, il est bien probable que celui qui avait été désigné comme ayant contribué à abîmer les liens entre la France et le Maroc pourrait aider à œuvrer pour leur restauration. « Il fera ce qu’il faut », confie une source diplomatique française à Atlasinfo.