S’inscrivant dans le cadre de la mise en oeuvre du programme « Dakira » (Mémoire) visant la préservation de la mémoire culturelle du Maroc, la conférence « L’expérience Dakira », qui se poursuit jusqu’au 10 juin courant, vise à mobiliser les acteurs locaux et nationaux engagés dans la préservation du patrimoine culturel marocain, afin de mettre en relief l’expérience de la Mémoire marocaine et des différentes méthodes pour sa sauvegarde et son partage avec le peuple marocain et ceux du monde entier.
Lancé et financé par l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) et mis en œuvre par la Fondation du Haut Atlas (HAF) et ses partenaires, l’Association Mimouna, la Fondation Mémoires pour l’Avenir, l’Association Essaouira- Mogador, l’Association Argania, l’Association Sefrou pour les arts multidisciplinaires et la Fondation Miftah Essaad, le programme Dakira vise à développer une approche participative unique pour la préservation éducative de l’histoire multiculturelle du Maroc.
Cette conférence célèbre les gardiens et messagers du passé du Maroc et expose les voies artistiques du dialogue communautaire, de même qu’elle souligne les points communs entre les groupes religieux, et le rôle des jeunes et des femmes dans la durabilité du patrimoine.
Intervenant à cette occasion, le directeur du développement global au sein de USAID/Maroc, M. Juan Carlos Rodriguez, a mis en relief l’attachement des Marocains à travers leur longue histoire, à la tolérance religieuse, citant à titre d’exemple l’accueil réservé par les Marocains aux juifs et musulmans, qui ont fui la répression religieuse dans la péninsule ibérique durant la fin du 15è siècle.
Dans ce contexte, il n’a pas manqué de rappeler la position ferme de Feu SM Mohammed V vis-à-vis de la politique antisémite du régime de Vichy durant la Seconde Guerre Mondiale.
« Sa Majesté le Roi Mohammed VI, continuant sur la voie tracée par Son Regretté Père, SM Hassan II, a fait du Royaume un modèle inspirant au niveau de la tolérance religieuse », a-t-il ajouté, relevant que la tolérance religieuse, le multiculturalisme et le dialogue interconfessionnel sont des éléments essentiels du partenariat américano-marocain, construit et entretenu pendant près de 200 ans.
Le Programme Dakira lancé en octobre 2021, vise à renforcer les efforts du Maroc, sous le Leadership du Roi Mohammed VI, pour promouvoir davantage la tolérance et le dialogue interreligieux, et développer une approche participative pour préserver le patrimoine culturel du Royaume, a-t-il ajouté.
De son côté, le président et co-fondateur de la Fondation du Haut Atlas (HAF), M. Yossef Ben-Meir, a relevé que les objectifs du programme Dakira consistent à explorer et renforcer la cohésion sociale et la solidarité interreligieuse à travers des efforts communautaires qui préservent le patrimoine culturel du Maroc, et soutenir les initiatives culturelles pour la tolérance, le multiculturalisme, et le dialogue interreligieux.
Tout en passant en revue es missions de sa Fondation, il a indiqué que la HAF milite en faveur de la préservation du passé multiculturel du Maroc et la documentation de cette longue histoire de la coexistence pacifique entre musulmans et les communautés chrétiennes et juives, relevant que la fondation et ses partenaires locaux entendent promouvoir cette histoire, notamment auprès de la jeunesse marocaine.
Le président de l’Association « Mimouna », M. El Mehdi Boudra, a pour sa part, relevé que cette ONG marocaine fondée en 2007 par un groupe de jeunes musulmans marocains pour préserver et promouvoir le patrimoine juif marocain, a accueilli plus de 350 activités et événements au Maroc et à l’étranger liés à la préservation du patrimoine juif marocain, à la promotion du dialogue interreligieux et à la sensibilisation sur l’Holocauste.
Dans ce contexte, il a mis en relief « les réalisations accomplies par chaque partenaire du projet Dakira pour défendre les valeurs de tolérance et notre engagement à célébrer la diversité, qui a de tout temps caractérisé la culture marocaine ».
Dans ce cadre, il a indiqué, qu’en tant que l’un des partenaires de l’initiative Dakira, l’association Mimouna a réuni 177 guides touristiques et des jeunes de six villes marocaines différentes en vue de leur enseigner à la fois l’hébreu et l’héritage juif du Maroc, de même qu’elle a lancé, en partenariat avec le ministère du Tourisme, un Master de 2 ans en Tourisme Juif Marocain à l’Institut Supérieur International de Tourisme à Tanger.
L’association Mimouna a aussi organisé la première édition du Festival Marocain de la Cuisine Juive et réalise le film du dernier Rabbin de Fès, le Rabbin Abraham Sebbagh qui raconte l’histoire incomparable de la communauté juive marocaine de Fès, de même qu’elle a organisé plusieurs rencontres communautaires avec les jeunes du Mellah de Rabat pour discuter de l’histoire du Mellah en tant qu’espace partagé, a-t-il fait savoir.
Financé par USAID avec 3 millions de dollars sur 36 mois, le Programme Dakira encourage les communautés locales à saisir, préserver et à transmettre leurs mémoires afin qu’elles soient mieux équipées pour s’approprier la revitalisation de leur propre histoire.
Cette approche d’introspection et de partage d’expérience entre les participants locaux maximise le développement des relations, menant à des actions collectives qui améliorent les moyens de subsistance des communautés et une découverte approfondie de l’identité multiculturelle du Maroc.