Par conséquent, les risques économiques se sont fortement accrus, relève la même source dans son rapport rendu public à la veille des réunions d’automne du FMI et de la Banque mondiale du 10 au 16 octobre courant. Et d’ajouter que les tensions géopolitiques et sociales se sont intensifiées, parallèlement à l’augmentation de la pauvreté et au creusement des inégalités.
D’après le rapport, l’inflation s’est fortement accélérée dans de nombreux pays, sous l’effet conjugué de la flambée des cours de l’énergie, des denrées alimentaires et des produits de base, des pénuries de main-d’œuvre et des ruptures d’approvisionnement, tandis que la dette publique et la dette privée ont atteint de nouveaux sommets.
Disposant d’un espace budgétaire plus restreint, les pays devront faire « des choix stratégiques de plus en plus difficiles » pour faire face à la montée de l’inflation, à l’aggravation des risques macro-financiers et au ralentissement de la croissance, soulignent les experts du FMI. Les pays émergents et les pays en développement qui présentent des besoins élevés d’emprunt en devises et de financement extérieur devront également se préparer à d’éventuelles turbulences sur les marchés financiers à mesure que les pays avancés resserreront leur politique monétaire, indique la même source.
Les incidences économiques de la guerre en Ukraine constitue un autre revers majeur pour l’économie mondiale, ajoute le FMI, notant que le bilan pour l’Ukraine est terrible, mais les répercussions s’étendent bien au-delà des frontières ukrainiennes.
La gravité des perturbations sur les marchés des produits de base et les chaînes d’approvisionnement pèsera lourdement sur la stabilité macro-financière et la croissance, ce qui viendra s’ajouter à un contexte déjà compliqué pour les pays qui continuent de se remettre de la pandémie du COVID-19.
Les conditions de financement se sont aussi considérablement resserrées, ce qui exerce une pression sur divers pays émergents et pays en développement, du fait de la hausse des coûts d’emprunt et du risque de sorties de capitaux.
« La guerre en Ukraine pourrait contribuer à la dangereuse divergence entre les pays avancés, d’un côté, et les pays émergents et les pays en développement, de l’autre, » prévient l’institution financière internationale.
« De manière plus générale, elle risque de fragmenter l’économie mondiale en blocs géopolitiques s’appuyant sur des normes technologiques, des systèmes de paiement internationaux et des monnaies de réserve distincts. »
Selon le FMI, un tel bouleversement tectonique représente la plus grave menace pour le système fondé sur des règles qui régit les relations internationales et économiques depuis 75 ans, car il mettrait en péril les progrès accomplis durant des décennies.
Ce sont les pays les plus pauvres qui sont le plus durement frappés par les multiples crises mondiales qui se superposent (guerre, pandémie et inflation), relève la même source, notant que les pays en développement à faible revenu ont connu une forte baisse de leur revenu par habitant pendant la pandémie.
« Ils se heurtent à présent à une hausse soudaine des cours de l’énergie, des engrais et des denrées alimentaires, que la guerre en Ukraine a exacerbée. »
Alors que la production globale des pays avancés devrait retrouver sa trajectoire antérieure à la pandémie d’ici à 2025, il est peu probable que l’emploi et l’activité économique des pays émergents et des pays en développement à faible revenu se redressent à moyen terme, ce qui laisse présager des séquelles permanentes, indique le rapport.
S’agissant de la dette, le FMI relève que la vulnérabilité liée à la dette augmente, ce qui peut engendrer des coûts et des risques pour les débiteurs et les créanciers, et, plus globalement, peser sur la stabilité et la prospérité mondiales.
A cet égard, le rapport rappelle que le FMI a assuré un allégement de la dette d’environ 927 millions de dollars en faveur de ses pays membres les plus pauvres.
Pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques, l’institution de Bretton Woods souligne que ce phénomène occasionne des coûts économiques et sociaux élevés, notamment en contribuant à accroître la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles, ce qui nuit à la stabilité macroéconomique et financière.
Afin d’améliorer l’établissement et la communication de données en vue d’une tarification et d’une gestion plus efficaces des risques climatiques, le FMI a lancé en 2021 le tableau de bord des indicateurs du changement climatique, qui a depuis lors fait l’objet de nouvelles mises à jour.
« Cet outil repose sur la collaboration avec d’autres organisations internationales et comprend une série d’indicateurs distinctifs qui illustrent les répercussions de l’activité économique sur le changement climatique ; il constitue ainsi un guichet unique pour les données macroéconomiques pertinentes relatives au changement climatique », indique la même source.
Concernant la transformation numérique, le FMI relève que les formes numériques de monnaie sont diverses et évoluent rapidement. « Les possibilités sont immenses, mais les défis que doivent relever les dirigeants sont également de taille, complexes et de grande portée. »
Les incidences les plus profondes concernent la stabilité du système monétaire international, indique le rapport du FMI, qui estime que la monnaie numérique doit être conçue et réglementée de manière à ce que les pays membres en retirent les avantages potentiels, notamment une meilleure inclusion financière et des paiements transfrontaliers plus efficients.
« Pour atteindre ces objectifs, il faut gérer les risques liés à la volatilité des flux de capitaux et à la perte de contrôle de la politique monétaire, » souligne le document, notant que la coopération internationale sera essentielle pour atténuer les répercussions transnationales.