Cet établissement pénitentiaire situé dans le sud de la capitale libyenne regroupait, à l’époque de la dictature Mouammar Kadhafi, les opposants au régime. La prison avait été le théâtre d’un massacre au cours duquel, selon des organisations de défense des droits humains, 2.000 détenus environ avaient trouvé la mort, en 1996.
«Il s’agit ici de plus de 1.270 martyrs et il va falloir les identifier un par un en comparant leur ADN avec celui des membres de leurs familles, a indiqué le Dr Osman Abdoul Djalil. Cela pourrait prendre plusieurs années pour établir la vérité», a-t-il ajouté.
Fin août, toujours, plus de 50 corps avaient été retrouvés dans un hangar reconverti en centre de détention dans le sud de Tripoli, calcinés à la hâte, de nombreux squelettes pas encore redevenus poussières. Le massacre avait été commis par la terrifiante 32e brigade qui fera encore frissonner longtemps les Libyens, tant elle symbolisait le mal et l’impunité absolus. A sa tête, l’un des fils du colonel Kadhafi, parfois présenté comme le plus sanguinaire, Khamis, étudiant à Madrid jusqu’en mars dernier. Parmi les faits d’armes de cette unité d’élite, composée de blindés et de soldats aguerris, la bataille de Misrata et déjà la rumeur d’exécutions sommaires et de massacres.
Des survivants du pogrom de Tripoli avaient raconté leur calvaire à des journalistes de la BBC. «J’étais là, témoigne Fathallaj Abdullah. Mes fils étaient à côté de moi. Toute la zone était bondée de gens, entassés comme des animaux. Nous étions les uns sur les autres. Il n’y avait pas d’espace pour mettre vos pieds sur le sol.» Cent cinquante prisonniers auraient été entassés dans l’entrepôt, des civils principalement, mais aussi des soldats gouvernementaux, enfermés ici pour trahison. Depuis le début de l’insurrection en février, l’endroit avait souvent servi de chambre de torture et de prison, quand ce n’était pas des exécutions sommaires qui y étaient pratiquées