Le contexte économique actuel en Afrique du Nord et l’impact de la Covid-19, sous la loupe à Marrakech
Les deux rencontres ont été l’occasion pour les responsables et experts des pays de la région d’analyser le contexte économique actuel de l’Afrique du Nord et l’impact qu’a eu la pandémie de la Covid-19, les priorités pour une reprise économique robuste en riche en emplois, et comment la sous-région peut mettre la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) à profit pour atteindre ces objectifs, souligne le Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord dans un communiqué.
Les participants ont convenu d’axer le programme de travail 2022 du Bureau de la CEA en Afrique du Nord sur la création d’emplois et de compétences à travers la diversification économique, la transformation structurelle, l’intégration régionale et les chaînes de valeur mondiales, relève la même source, ajoutant que le Bureau poursuivra par ailleurs son important projet sur les impacts économiques de la migration, en se focalisant sur le soutien au développement des capacités des pays à collecter les données en relation avec la migration et la reconnaissance des compétences et savoir-faire des migrants.
Cette rencontre intervient à un moment où, l’Afrique du Nord est confrontée à des défis et opportunités multiples et majeurs. Les principaux défis actuels étant d’assurer une reprise économique post covid-19 qui permet de reconstruire en mieux et de manière plus durable, tout en renversant la tendance persistante du chômage élevé des jeunes, explique-t-on de même source, faisant savoir qu’au même moment, la ZLECAf et l’accélération de la digitalisation offrent à la jeunesse de la sous-région des opportunités nouvelles d’intégrer des secteurs à qualifications et production plus élevées et orientées vers l’export.
« Pour aider nos pays membres à mettre leurs économies sur les rails d’une croissance solide et durable, nous devons tourner notre regard vers ces portes que la pandémie a ouvertes : La Covid-19 a ouvert les yeux des pays du monde entier sur les opportunités de production géographiquement plus proches. Elle a aussi donné aux industries pharmaceutiques une dimension stratégique qu’elles n’avaient pas avant, et souligné la nécessité pour l’Afrique de trouver des sources alternatives de financement pour répondre à leurs besoins de développement et de sécurité sanitaire », a déclaré Mme Zuzana Brixiova Schwidrowski, Directrice du Bureau de la CEA pour l’Afrique du Nord dans une allocution lue au nom de Mme Vera Songwe, Secrétaire Exécutive de l’organisation.
Et de poursuivre que la pandémie a également accéléré plusieurs méga-tendances dont la digitalisation, estimant que les pays peuvent reconstruire en mieux en investissant dans des secteurs plus verts, plus résilients et en bâtissant des économies inclusives. « La promotion de l’intégration économique par les chaînes de valeur ne peut se faire de manière efficace sans réformer les secteurs concernés, en particulier le secteur financier, afin d’accroître la liberté du marché, de développer les services financiers et bancaires ainsi que de nouveaux outils financiers. La numérisation et la technologie sont destinées à devenir des moteurs essentiels de la transformation structurelle », a indiqué, pour sa part, le Secrétaire Général de l’Union du Maghreb Arabe, M. Taïeb Baccouche.
Le CIHFE est un organe statutaire et délibérant qui se réunit annuellement pour évaluer le travail de la CEA pour l’Afrique du Nord sur l’année en cours et déterminer ses orientations stratégiques pour l’année à venir.
La réunion des experts a été l’occasion pour les spécialistes et responsables participants de se mettre d’accord sur une série de recommandations pour que l’Afrique du Nord puisse réaliser son potentiel de création de chaînes de valeur régionales dans les secteurs pharmaceutique et de la finance numérique.
Au rang de ces principales recommandations figurent, notamment la nécessité de stimuler la production locale de manière à répondre aux besoins urgents des pays en médicaments, pour lutter contre la pandémie et réduire la pression sur les systèmes de santé. Il serait important aussi pour les pays d’Afrique du Nord d’augmenter leur production de médicaments en allant au-delà des frontières nationales et en développant des chaînes de valeur qui leur permettraient de tirer le meilleur parti des points forts de chaque pays, tout en saisissant les opportunités de complémentarité au-delà des frontières nationales.
Les participants ont estimé qu’il serait dans l’intérêt de l’Afrique du Nord de réévaluer la présence et le contrôle des multinationales au sein de leurs secteurs pharmaceutiques nationaux, et de prendre les mesures stratégiques de politique publique nécessaires pour s’assurer qu’elles respectent les besoins de sécurité sanitaire aux niveaux nationaux et régionaux, la pandémie en cours ayant renforcé l’importance d’une telle approche.
Si le secteur de la finance numérique s’est rapidement développé en Afrique du Nord dans le sillage de la pandémie, il y a nécessité pour les pays d’intensifier leurs efforts pour y favoriser l’émergence d’un écosystème de l’innovation et d’accroître leur soutien aux start-ups par le biais d’investissements publics renforcés dans la formation. Il serait judicieux aussi d’envisager la mise en place d’un portefeuille électronique régional décentralisé pour aider à financer les startups en Afrique du Nord et stimuler davantage les écosystèmes d’innovation de la région.
Les experts ont, par ailleurs, souligné l’importance pour les Banques centrales d’Afrique du Nord de bénéficier d’un transfert de connaissances et d’expertise de leurs équivalents européens sur les monnaies numériques et ont noté avec satisfaction que les Banques centrales d’Égypte, du Maroc et de Tunisie sont déjà sur cette voie.
L’Afrique du Nord fait aujourd’hui partie des régions les moins intégrées d’Afrique et du monde : le commerce intrarégional y représentait moins de 5% du commerce total de la région en 2019, dont près de la moitié reposait sur les échanges de combustibles et de produits énergétiques. Malgré cela, l’Afrique du Nord dispose d’un potentiel solide pour une intégration régionale efficace (continuité géographique et maritime, facilités frontalières, langue et culture communes), et pour le développement de complémentarités avec le reste de l’Afrique dans des domaines, tels que la production de voitures électriques, l’aéronautique, l’agro-alimentaire et la pêche ou encore les énergies renouvelables.
S’appuyant sur ces conclusions et au vu des besoins de la région, la 37ème réunion du CIHFE en 2022 portera sur le développement d’économies plus respectueuses de l’environnement en incluant le changement climatique dans la stratégie de relance nord-africaine, conclut le communiqué.