La déclaration de Ned Price basée sur des informations “partiales » émanant des « soutiens des accusés » (DIDH)
La déclaration du porte-parole du Département d’Etat américain au sujet de Soulaimane Raissouni et Omar Radi, dont le premier a été condamné, en première instance, à une peine de cinq ans de prison ferme pour une affaire de droit commun, tandis que le deuxième est en cours de jugement, est basée sur des informations “partiales émanant exclusivement des soutiens des accusés », a souligné, mardi, la Délégation Interministérielle aux Droits de l’Homme (DIDH).
Hier Ned Price, le porte-parole du Département d’Etat américain a déclaré que les États-Unis sont « déçus » par le verdict rendu dans l’affaire Soulaimane Raissouni, le rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al-Yaoum, aujourd’hui fermé pour des radions financières, qui a été condamné à 5 ans de prison pour « agression sexuelle » contre un militant LGBT.
» Nous pensons que le processus judiciaire qui a conduit à ce verdict contredit la promesse fondamentale du système marocain de procès équitables pour les personnes poursuivies par la justice ; et est incompatible avec la promesse de la constitution de 2011 et le programme de réformes de Sa Majesté le Roi Mohammed VI », a déclaré Ned Price.
« La liberté de la presse est fondamentale pour des sociétés prospères et sûres, et les gouvernements doivent veiller à ce que les journalistes puissent exercer en toute sécurité leur rôle indispensable sans craindre des injustices, des violences ou des menaces« , a-t-il ajouté.
Pour la DIDH, “ces informations ont sciemment occulté le point de vue des plaignants et de leurs défenses, allant jusqu’à renier leur statut même de victime et leur droit universellement reconnu à déposer plainte”.
De même, a poursuivi la Délégation, il a été constaté avec étonnement que la déclaration du porte-parole du Département d’Etat américain se réfère uniquement aux allégations de la personne condamnée, en se focalisant sur son statut professionnel, et à des prétendues “violations des normes relatives au procès équitable”, alors que le parquet compétent dans son communiqué du 12 juillet 2021 a clairement mis en exergue le caractère équitable dudit procès.
“Le Maroc étant attaché au respect des droits fondamentaux de tous les justiciables, quels que soient leurs statuts, par conséquent l’indépendance du pouvoir judiciaire, consacrée par la Constitution de 2011 et découlant des réformes substantielles impulsées au Royaume, depuis plus de deux décennies, est garante du respect de ces droits fondamentaux”, a insisté la DIDH.
Dans ce sens, “le Maroc demeure profondément attaché à la consolidation des valeurs des libertés individuelles et collectives, notamment les libertés d’expression et d’association, qui ne cessent de se développer, dans le cadre d’une société prospère, tolérante et inclusive, bannissant l’arbitraire, l’injustice et la violence”, a conclu la Délégation.
Lundi, le ministère public a assuré pour sa part que Soulaimane Raissouni, en grève de la faim depuis plus de 90 jours, a bénéficié d’un procès « équitable », a assuré lundi le ministère public.
La justice a « rempli toutes les conditions d’un procès équitable » pour M. Raissouni « poursuivi pour des délits qui n’ont rien à voir avec son travail journalistique », d’après un communiqué du parquet.
Le journaliste, 49 ans, a été placé en détention préventive en mai 2020 à la suite d’une plainte d’un militant LGBT pour « agression sexuelle ».
L’ancien rédacteur en chef d’Akhbar Al Yaoum a réaffirmé son « innocence », dans un message transmis lundi à un de ses avocats, Mohamed Messaoudi.
Le parquet a déclaré que le journaliste – absent des audiences depuis le 10 juin – avait « refusé » de prendre part à son procès, « il a donc été décidé de continuer la procédure en son absence », tout en le tenant « informer du déroulé de chaque audience ».
Lui s’était dit prêt à y assister à condition « d’être transporté en ambulance et d’avoir un fauteuil roulant ». Une demande rejetée par le juge.
Plus de 350 personnalités marocaines et étrangères ont appelé lundi Soulaimane Raissouni à mettre fin à sa grève de la faim.