Ce geste pourrait aussi détourner l’attention de l’Europe, des Etats-Unis ou du Japon de ces élections qualifiées de "simulacre" par la communauté internationale et largement remportées par un parti créé de toutes pièces par les militaires.
Mais cette libération n’est pas sans risques pour la junte qui s’apprête à installer un nouveau gouvernement. La militante, qui a soutenu les initiatives visant à isoler le régime, passe toujours pour une voix extrêmement influente auprès du peuple birman, comme elle l’était en 1990 lorsqu’elle avait conduit la LND à une victoire massive aux élections législatives, annulées par la junte.
Certains jugent Aung San Suu Kyi capable de mobiliser les foules et de priver le futur gouvernement de la moindre once de légitimité, voire de réclamer pour cause de fraudes l’annulation des élections que son parti a boycottées, ce qui a valu à la LND d’être dissoute par les autorités.
L’opposante devait déjà être relâchée au printemps 2009 quand elle avait été de nouveau privée de liberté après la visite incongrue d’un Américain, John Yettaw, à son domicile. Aung San Suu Kyi avait alors été condamnée de nouveau à 18 mois d’assignation à résidence pour violation d’une loi des années 1970 protégeant l’Etat birman "d’éléments subversifs", un jugement destiné selon l’opposition à l’écarter du processus électoral.