L’armée syrienne a poursuivi lundi le bombardement des quartiers rebelles de la ville syrienne de Homs (centre), où des médecins se voient forcés d’amputer des blessés en raison du manque d’aide médicale, selon des militants.
"Les gens ne peuvent pas sortir, les bombardements ne s’arrêteront pas, il y a des tanks partout", a raconté Khaled al-Tellawy, un militant de Homs contacté via Skype
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus d’un millier de familles sont bloquées et manquent de tout dans certains quartiers de la ville où le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge syrien ont tenté à plusieurs reprises d’entrer, en vain.
Dimanche, 79 personnes ont péri dans les violences, selon un décompte de l’OSDH, dont 38 civils, 28 soldats et 13 rebelles.
Un cessez-le-feu décrété le 12 avril est resté lettre morte, et les violences se sont intensifiées ces dernières semaines au point que les observateurs déployés par l’ONU pour surveiller la trêve ont suspendu leurs opérations.
Dans la capitale égyptienne, des ministres de pays arabes devraient participer à la réunion de l’opposition qui devait s’ouvrir en fin de matinée et durer deux jours.
L’objectif est de "parvenir à une vision unifiée concernant la période de transition et l’avenir de la Syrie", avait indiqué à l’AFP Georges Sabra, porte-parole du Conseil national syrien (CNS).
Cette coalition, la principale formation de l’opposition à l’étranger, participera à la réunion.
En revanche, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), force armée d’opposition principalement composée de soldats déserteurs, ont annoncé leur intention de boycotter la rencontre, la qualifiant de "complot" et rejetant toute négociation avec le régime, indique un communiqué signé de l’ASL et de militants "indépendants".
Ils reprochent aux participants de "refuser l’idée d’une intervention militaire étrangère pour sauver le peuple" et "ignorer la question des zones tampons protégées par la communauté internationale, des corridors humanitaires, de l’embargo aérien et de l’armement des rebelles".
"La conférence du Caire vise à donner une nouvelle chance à l’émissaire Kofi Annan pour manoeuvrer de nouveau pour convaincre Assad d’appliquer son plan (…), oubliant que des milliers de personnes sont tombées en martyrs depuis le début de l’application de ce plan", le 12 avril, déplore le communiqué.
Ces opposants rejettent "les dangereuses décisions de la conférence de Genève qui visent à sauver le régime, à dialoguer avec lui et à former un gouvernement d’union avec les assassins de nos enfants".
Samedi à Genève, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne) mais aussi la Turquie et des pays représentant la Ligue arabe se sont accordés sur les principes d’une transition en Syrie, où la révolte contre M. Assad tourne au conflit armé.
Le Groupe d’action sur la Syrie est parvenu à un accord sur un gouvernement de transition politique qui pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l’opposition, et doit être formé sur la base d’un consentement mutuel.
La presse officielle syrienne et des opposants avaient qualifié dimanche cet accord d’échec, et la poursuite des violences semble le rendre difficilement applicable.
Sur sa page Facebook, Burhan Ghalioun, ancien chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition, a qualifié de "farce" l’accord de Genève, qui revient à demander aux Syriens de négocier avec "leur bourreau, qui n’a pas cessé de tuer, torturer (…) ou violer des femmes".
Dans un communiqué, le CNS a souligné que l’accord ne prévoyait "pas de mécanisme de travail clair ni de calendrier, laissant le régime impuni", réclamant à nouveau "le départ de Bachar al-Assad et de sa clique".
Les autorités syriennes n’ont pas commenté cet accord, mais la presse officielle parlait elle aussi d’"échec", car il n’est "pas basé sur l’avis du peuple syrien".
Les membres du Groupe d’action eux-mêmes ont divergé sur l’interprétation de l’accord, les Etats-Unis estimant qu’il ouvrait la voie à l’ère "post-Assad" tandis que la Russie et la Chine, alliés du président Assad, réaffirmaient qu’il revenait aux Syriens de choisir leur avenir.
En plus de 15 mois de révolte, la répression et, depuis quelques mois, les combats entre armée et rebelles ont fait plus de 15.800 morts, en majorité des civils, selon l’OSDH.