Le jeune homme, âgé de 25 ans, est à l’affiche de la prestigieuse Laugh Factory ("L’usine du rire") de Los Angeles depuis la fin juillet, où il se produit en anglais, et s’envolera pour New York la semaine prochaine, pour quinze jours de spectacle.
L’exploit n’est pas mince, tant le "stand-up" — une forme de spectacle comique construit comme une conversation avec le public, où les blagues s’enchaînent à un rythme d’enfer — est viscéralement anglo-saxon.
"Le stand-up, c’est ma vie", explique Mustapha El Atrassi à l’AFP depuis son hô tel de Sunset Boulevard. "Aller écouter des comiques à la Laugh Factory c’était déjà émouvant. Mais pouvoir y jouer et avoir mon nom sur la façade, c’est incroyable", dit-il.
Son rêve américain a commencé l’été dernier, pendant des vacances entre amis à Los Angeles. "Comme je suis incapable de rester sans rien faire, je me suis senti obligé de faire des auditions pour jouer sur scène", raconte-t-il.
"J’ai passé une audition avec 50 comédiens. J’y ai cru, je suis allé jusqu’au bout, j’avais beaucoup travaillé mon sketch et j’ai été choisi", dit-il. Programmé dans la foulée pour quelques dates, il séduit le public de la Laugh Factory, qui lui fait signer un contrat pour l’été 2011.
"Ils m’ont vraiment mis en avant. J’ai un agent ici, qui est venu à Paris quatre jours pour voir mon spectacle à la Cigale. C’est du sérieux. Quand ils veulent la réussite de quelqu’un, ils y vont vraiment à fond", observe-t-il.
Pour Mustapha, qui entame en octobre la troisième saison de son émission "La nuit nous appartient" sur la chaîne Comédie, se retrouver devant un public américain est un rêve de gosse devenu réalité.
"Je viens d’un milieu modeste. Pour moi, le théâtre c’était inaccessible, destiné à une élite. Je pensais que seuls les riches pouvaient en faire", explique-t-il. "Et puis un jour je suis parti en voyage scolaire à Londres et j’ai découvert un spectacle de stand-up".
"J’ai vu un comédien arriver sur scène avec une barbe de trois jours, une chemise froissée, il a pris le micro et commencé à s’adresser directement au public", se souvient-il. "Et je me suis dit: +Si on peut faire du théâtre comme ça, c’est ce que j’ai envie de faire+".
Mais si l’étincelle fut londonienne, "l’enseignement" fut américain. "C’est vraiment les Américains qui m’ont donné envie de faire ce métier. Quand j’étais jeune ce sont (les grandes figures du stand-up) Richard Pryor, Lenny Bruce, George Carlin, Jerry Seinfeld ou Chris Rock qui m’inspiraient", dit-il.
Selon lui, c’est cette fréquentation assidue de l’humour américain qui lui a permis de trouver le ton adéquat pour séduire le public de Los Angeles, malgré l’accent français: "Je sais ce qui les fait rire, ce qui marche ou pas".
Un humour souvent très provocant, qui enchante les Américains. "Ici, les gens ont le sens du show et de la provocation. Ils ont compris qu’on peut rire de tout si c’est bien fait. J’ai vu des humoristes s’amuser du 11-Septembre peu de temps après les événements et cela faisait du bien au public".
Ce qui lui plaît le plus, dans l’exercice du stand-up, c’est l’absence de filet, dans un sain esprit de compétition.
"C’est une arène, beaucoup de comédiens défilent, tu as envie d’être meilleur que celui qui vient de passer et tu ne veux pas que le suivant fasse oublier ta performance", dit-il. "Et tu es à nu. Tu ne te caches pas derrière un personnage, tu t’adresses directement au public. Et si ça ne marche pas, tu payes directement les pots cassés".