"Plus que des obstacles, ce sont des défis" auxquels se heurte la mise en oeuvre de l’accord nucléaire qui a débuté le 16 janvier, a déclaré Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’UE lors d’une conférence de presse commune avec Mohammad Javad Zarif, ministre Iranien des Affaires étrangères.
Mme Mogherini a toutefois indiqué qu’il fallait que les Iraniens fassent preuve de patience. Selon elle, "trois mois de défis" sont peu de choses par rapport aux "douze ans de négociations" nécessaires à la conclusion de l’accord en juillet 2015 à Vienne entre l’Iran, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne.
Parmi les "défis" à surmonter, celui de la réticence des banques européennes à intervenir en Iran, par crainte d’éventuelles représailles des Etats-Unis qui continuent à limiter les transactions en dollars avec ce pays.
"Nous ne pouvons forcer personne, mais nous faisons tout pour rassurer les banques" européennes afin de favoriser "leur engagement en Iran", a indiqué Mme Mogherini.
M. Zarif a de son côté affirmé que l’Iran et l’UE allaient "coopérer ensemble pour lever les obstacles qui restent". "Les Iraniens doivent sentir le plus rapidement possible les résultats de l’accord, sinon ils se demanderont quelle en était la nécessité", a-t-il a jouté.
L’Iran estime ne pas avoir encore bénéficié de la levée d’une grande partie des sanctions internationales, intervenue en même temps que l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire mi-janvier, en échange d’une réduction de son programme nucléaire.
Mme Mogherini est en visite d’une journée à Téhéran pour relancer la coopération avec l’Iran, accompagnée de sept commissaires européens dont Elzbieta Bienkowska (Industrie), Violeta Bulc (Transports) et Miguel Arias Cañete (Climat et Energie).
La chef de la diplomatie européenne doit rencontrer également rencontrer le président du Parlement Ali Larijani et le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale Ali Shamkhani.
De nombreuses délégations politiques et économiques de différents pays européens se sont rendues en Iran ces derniers mois, mais le guide suprême Ali Khamenei a récemment jugé que ces visites n’avaient pas donné de résultats "tangibles".
Outre les investissements et le commerce, les guerres en Syrie et au Yémen seront également à l’ordre du jour des rencontres entre responsables européens et iraniens.
L’UE veut croire en la volonté de Téhéran d’avoir une influence positive sur ces deux conflits majeurs du Moyen-Orient.
"Il est dans l’intérêt commun de travailler à la stabilité dans la région et mettre fin à la guerre en Syrie", a estimé Mme Mogherini.