"La solution des élections, aujourd’hui et en ce moment même, représenterait un bien plus grand danger de faillite et bien sûr de sortie de l’euro", a déclaré le Premier ministre. "Je parlerai (au chef de l’opposition) M. Samaras pour que nous étudiions les prochaines étapes, sur la base d’un consensus large", a-t-il ajouté.
Il s’est déclaré satisfait car "même s’il n’y a pas de référendum", le débat provoqué par cette perspective "a au moins amené beaucoup de gens à une vision rationnelle" de la situation dramatique de l’économie grecque.
M. Papandréou a assuré qu’il n’avait jamais eu l’intention d’organiser le référendum sur l’euro.
Plusieurs députés grecs ainsi qu’Antonis Samaras, président de Nouvelle démocratie (ND), le principal parti d’opposition, avaient appelé à la formation d’un gouvernement d’unité nationale qui approuverait sans référendum le second plan de sauvetage adopté par l’Union européenne le 27 octobre pour éviter la faillite de la Grèce.
L’accord, censé être celui de la sortie de la crise de la dette dans la zone euro, avait rassuré les marchés financiers, mais l’annonce surprise lundi de la décision de M. Papandréou de le soumettre à un référendum début 2012 et de demander la confiance du Parlement vendredi a replongé les places boursières dans l’incertitude et les turbulences. M. Papandréou ne pouvait a priori compter que sur une majorité d’une voix au Parlement.
Même le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, avait critiqué l’idée d’une consultation populaire. "L’appartenance de la Grèce à la zone euro est une conquête historique du pays qui ne peut être mise en question", avait-il lancé jeudi. Il a annoncé quelques heures plus tard qu’il n’y aurait pas de référendum et appelé les députés socialistes à voter la confiance au gouvernement.
M. Venizelos avait aussi rappelé que le pays risquait la faillite dans les prochaines semaines s’il ne recevait pas les huit milliards d’euros de la dernière tranche du prêt de 110 milliards accordé à Athènes en mai 2010 par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI). Sans cela, l’Etat ne pourrait probablement plus payer les retraites et les salaires à partir de la mi-décembre.
La France et l’Allemagne, qui n’ont guère caché leur colère à l’annonce du référendum grec, ont conditionné le versement des huit milliards à la mise en oeuvre du plan de sauvetage de la Grèce. Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont souligné mercredi soir à l’issue d’une réunion avec M. Papandréou, convoqué à Cannes à la veille de l’ouverture du sommet du G-20, que la sauvegarde de la zone euro, avec ou sans la Grèce, était leur priorité.
L’Union européenne s’est entendue la semaine dernière sur une aide de 130 milliards d’euros de l’UE et du FMI (100 milliards de prêts et 30 milliards de garantie sur les obligations) assortie d’une décote de la moitié de la dette souveraine grecque détenue par les banques, soit 100 milliards environ, et d’un renforcement à 1.000 milliards d’euros de la capacité du Fonds européen de stabilité financière (FESF) destiné à aider les pays en difficulté, avec la participation éventuelle de fonds souverains extérieurs comme la Chine. En échange, le gouvernement avait accepté de nouvelles mesures d’austérité de plus en plus contestées par les Grecs.
L’annonce d’un référendum lundi a eu des répercussions immédiates dans la zone euro. Le Portugal, inquiet du climat financier, a demandé plus de flexibilité dans le programme d’austérité attaché au prêt de 78 milliards d’euros consenti par l’UE et le FMI il y a six mois, tout en insistant sur son intention de tenir ses engagements.