France: l’affaire Abad met à mal le gouvernement au début du second quinquennat de Macron
Le ralliement de M. Abad, qui présidait le groupe des Républicains (LR) à l’Assemblée nationale jusqu’à peu avant l’annonce de la configuration de la nouvelle équipe gouvernementale par l’Elysée, était perçu par les observateurs comme un grand exploit pour l’équipe d’Emmanuel Macron dans la perspective du grand challenge des élections législatives de juin prochain.
Toutefois, les accusations de viols portées contre ce nouveau ministre par deux femmes ont constitué une occasion en or pour l’opposition de tirer à boulets rouges contre le nouvel exécutif dirigé pour la première fois depuis 31 ans par une femme.
Deux plaintes à l’encontre d’Abad, déposées en 2012 et 2017 par une même femme et pour les mêmes faits, ont été classées sans suite, mais le parquet de Paris a annoncé analyser un nouveau signalement de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, selon les médias.
Si les détracteurs du ministre, qui a toujours contesté ces accusations et clamé son innocence à plusieurs reprises, n’ont pas eu de cesse d’appeler à sa démission ou à ce qu’il soit écarté par le chef de l’Etat, l’exécutif tempère face aux critiques, arguant que M. Abad est innocent tant que la justice ne l’a pas déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés.
« La justice est la seule à devoir et à pouvoir trancher » sur cette affaire, a déclaré mardi la porte-parole de l’exécutif lors du point de presse suite au premier conseil des ministres du second mandat d’Emmanuel Macron.
Critiquée pour le choix porté sur cette figure de la droite républicaine, la première ministre Elisabeth Borne s’est défendue, dimanche, en affirmant lors d’un déplacement dans le Calvados où elle est candidate aux élections législatives, qu’elle n’était pas au courant et qu’elle avait découvert le détail des faits reprochés à Damien Abad dans la presse.
« Je vais être très claire : sur tous ces sujets de harcèlement, d’agressions sexuelles, il ne peut y avoir aucune impunité », avait toutefois prévenu la nouvelle cheffe du gouvernement.
Même son de cloche chez la porte-parole du gouvernement qui rappelé, mardi, que « le gouvernement est aux côtés de celles qui, suite à une agression ou à du harcèlement, ont l’immense courage de parler », précisant toutefois qu’”aucun membre du gouvernement n’avait connaissance de ces faits”.
Cette affaire porte ainsi un coup dur à la crédibilité du gouvernement d’Emmanuel Macron à l’approche des élections législatives sur lesquelles le chef de l’Etat fonde de larges espoirs afin de s’assurer une majorité confortable au parlement à même de lui permettre de poursuivre la mise en œuvre de ses programmes et traduire dans les faits les promesses de la campagne présidentielle.
Pour l’opposition, notamment les partis qui se sont regroupés au sein d’une nouvelle coalition, composée de la France insoumise, du Parti Communiste, des écologistes et du Parti Socialiste, il s’agit d’une occasion précieuse pour affaiblir le gouvernement et ternir son image, à quelques semaines d’un scrutin législatif crucial.