France: début du vote pour le premier tour d’une présidentielle imprévisible
Les Français ont commencé à voter dimanche sous haute surveillance après un nouvel attentat à Paris, pour le premier tour d’une élection présidentielle à l’issue totalement imprévisible et cruciale pour l’avenir de l’Union européenne.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT et les derniers fermeront leurs portes à 18H00 GMT. Sur les quelques 47 millions d’électeurs, plus d’un quart s’avouaient encore indécis à la veille du vote et la participation constituera un enjeu clé du scrutin.
Trois jours après l’attaque sur l’avenue des Champs Elysées, au coeur de Paris, qui a coûté la vie à un policier, 50.000 policiers et 7.000 militaires sont mobilisés pour veiller au bon déroulement du scrutin.
Revendiqué par le groupe Etat islamique, cet attentat a réveillé la peur du terrorisme dans un pays traumatisé par une série d’attaques jihadistes, qui ont fait 239 morts depuis début 2015.
Les deux candidats qui arriveront en tête des suffrages dimanche soir s’affronteront lors d’un second tour le 7 mai.
Cette avocate de formation qui se définit avant tout comme une "patriote" veut en finir avec l’euro et la libre-circulation dans l’espace européen de Schengen. Un programme qui pourrait donner le coup de grâce à une UE déjà fragilisée par le Brexit, selon les observateurs.
A l’inverse, le benjamin des candidats, Emmanuel Macron, 39 ans, a mené campagne sur une ligne pro-européenne et affiche un programme libéral, tant en économie que sur les questions de société.
Nouveau venu en politique, cet ancien ministre de l’Economie (2014-2016) a construit la popularité de son mouvement et-de-droite-et-de-gauche "En Marche!" sur le rejet des partis traditionnels et le désir de renouvellement exprimés par les Français.
Au fil d’une campagne riche en rebondissements, les ténors qui occupaient la scène politique depuis une décennie sont ainsi tombés les uns après les autres, tel l’ancien président Nicolas Sarkozy, sèchement éliminé de la primaire de la droite.
Affaibli par son impopularité persistante, le président sortant François Hollande a été contraint de renoncer à se représenter, une première en France depuis plus de soixante ans.
Son Premier ministre, Manuel Valls, a échoué à prendre le relais, éliminé de la primaire du parti socialiste par un candidat ancré plus à gauche, Benoît Hamon.
Autre coup de théâtre, le conservateur François Fillon – favori après sa large victoire à la primaire de son camp – a dévissé dans les sondages, après la révélation fin janvier dans la presse de soupçons d’emplois fictifs au Parlement au bénéfice de sa femme et de ses enfants.
Malgré son inculpation pour détournement de fonds publics en mars, il a refusé de retirer sa candidature et fait le pari que son expérience politique et sa persévérance face au scandale lui permettraient d’accéder au second tour.
Ultime surprise, il s’est vu rattrapé dans la dernière ligne droite par un autre candidat "hors parti", Jean-Luc Mélenchon, ex-socialiste devenu le champion d’une "France insoumise".
L’irruption dans le carré de tête des candidats de ce tribun enflammé, admirateur de Fidel Castro et prêt à claquer la porte de l’UE si cette dernière refuse de se réformer, a renforcé l’incertitude sur l’issue du scrutin, suivi de très près à l’étranger.
Signe de l’intérêt suscité par cette élection hors norme, le président américain Donald Trump a mis son grain de sel dans les débats, se disant persuadé que l’attentat de Paris "aiderait probablement" la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, qui lui voue une admiration non dissimulée.
Son prédécesseur Barack Obama a lui donné un coup de pouce à Emmanuel Macron en lui téléphonant mais sans apporter officiellement son soutien à celui qui ambitionne de devenir le plus jeune président de France.
AFP