Au lendemain de l’annonce faite par le Palais de Buckingham jeudi à 18H30, les Britanniques semblaient encore désarçonnés par l’onde de choc. Dans leur grande majorité, ils n’ont jamais connu le Royaume-Uni ni le monde sans elle.
La Souveraine, ultra-populaire dans tous les sondages d’opinions tant pour sa neutralité constante que pour son dévouement pour la fonction, avait fini par être assimilée au pays qu’elle a gouverné. Son engagement inébranlable a d’ailleurs été remercié en juin dernier, lorsque les Britanniques se sont massés par dizaines de milliers pour l’apercevoir quelques minutes sur le balcon du palais de Buckingham à l’occasion de son jubilé de platine.
Cet événement festif qui prend aujourd’hui des airs d’adieu avait permis au Royaume-Uni d’organiser ses premiers grands rassemblements post-Covid. Il contraste totalement avec l’ambiance qui règne aujourd’hui sur la même place où, il y a encore trois mois, des stars internationales chantaient en l’honneur de la Reine.
En effet, plus l’ont se rapproche de Buckingham plus la gravité de l’ambiance se fait ressentir. Des milliers de Britanniques, mais aussi de touristes, se sont réunis dans un silence religieux aux abords du château où les drapeaux ont été mis en berne. Un silence qui n’est rompu que par des « God Save The Queen » entonnés dans un ultime hommage à la défunte monarque.
À midi, alors que le soleil faisait sa première apparition de la journée, le bruit des cloches a commencé à raisonner dans l’ensemble de la ville. D’abord celles de la cathédrale Saint Paul, mais aussi celles du château de Windsor et de l’abbaye de Westminster.
Les églises paroissiales, les chapelles et les cathédrales ont également fait sonner leurs cloches pendant une heure à partir de midi, à la demande de l’Église d’Angleterre.
Une cloche de cérémonie au château de Windsor a sonné 96 fois, une fois pour chaque année de la vie de la Reine, et une salve de 96 coups de canon a été tirée à Hyde Park, au cœur de la capitale.
Peu après, le Roi Charles III, qui avait passé la nuit de jeudi à Balmoral en Écosse, est arrivé à Buckingham accompagné de son épouse et, désormais reine consort, Camilla. Il a fallu plusieurs minutes pour disperser la foule et lui frayer un chemin au milieu des bouquets de fleurs qui s’empilent sur l’ensemble des murs entourant le palais. Sur l’une des cartes, disposée au milieu de roses rouges, l’on pouvait lire « Merci Madame, le pays ne sera jamais le même sans vous ».
Le nouveau Souverain a donc eu droit à son premier bain de foule avant de recevoir la Première ministre Liz Truss, qui, après sa nomination mardi par Elizabeth II, a rencontré deux monarques en seulement quatre jours, une première inédite.
En début de soirée, Charles III s’est adressé pour la première fois au peuple britannique à l’occasion d’un discours préenregistré au Palais de Buckingham plus tôt dans l’après midi. Une allocution qu’il a voulu centrée sur la famille, mais aussi tournée vers l’avenir.
Après un hommage émouvant à sa mère, dont il a salué le dévouement et la dévotion qui n’ont jamais faibli, il s’est solennellement engagé, pendant le temps qu’il lui reste à vivre, à défendre les principes constitutionnels qui sont au cœur de la nation britannique.
« Où que vous viviez au Royaume-Uni, ou dans les royaumes et territoires du monde entier, et quelles que soient vos origines ou vos croyances, je m’efforcerai de vous servir avec loyauté, respect et amour, comme je l’ai fait tout au long de ma vie », a-t-il soutenu.
L’hymne « God save the King » a ensuite été chanté à la cathédrale Saint-Paul où un office religieux a été tenu avec la participation plusieurs membres du gouvernement et de Mme Truss. Des centaines de personnes, avec des yeux parfois humides, ont suivi la cérémonie à l’extérieur sur leur téléphone portable.
Samedi matin, le conseil d’Accession s’est réuni au palais Saint-James à Londres pour proclamer Charles III en tant que nouveau Roi, avant de lire la proclamation depuis le balcon de l’édifice. La proclamation a ensuite été relayée par le roi d’armes de l’ordre de la Jarretière et une demi-douzaine de hérauts en calèche qui ont assuré sa lecture à Trafalgar square, puis au Royal Exchange. Un deuil national a été décrété par le gouvernement jusqu’au jour des funérailles de Feue Elizabeth II, qui devrait intervenir à l’abbaye de Westminster autour du 19 septembre après cinq jours d’exposition du cercueil dans le Westminster Hall et une brève période de repos dans la cathédrale St Giles d’Édimbourg.